Sahih Mouslim.

Avant-Propos - Table des matières - Classement numérique

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FUNERAILLES

Les pleurs sur les morts

1531. Ousâma Ibn Zayd (que Dieu agrée le père et le fils) a dit : Nous étions chez le Prophète (صلى الله عليه وسلم) lorsqu'un messager vint de la part d'une de ses filles le chercher et lui annoncer que le fils de celle-ci était à l'agonie. S'adressant au Messager, le Prophète lui dit : "Retourne vers ma fille et annonce-lui que tout ce que Dieu prend ou donne Lui appartient, qu'Il a fixé un terme pour toute chose et exhorte-la à se résigner et à compter sur Dieu". Le messager revint et lui dit : Elle t'adjure de venir la trouver. Aussitôt le Prophète (صلى الله عليه وسلم) se leva et se rendit chez elle, accompagné de Sa'd Ibn 'Ubâda et de Mu'âdh Ibn Jabal, et de moi-même, reprend 'Usâma. Quand il arriva, on lui remit l'enfant qui râlait bruyamment. Quand le Prophète eut les larmes aux yeux, Sa'd lui dit : "Ô Envoyé de Dieu, qu'est-ce que c'est?". - "C'est, répondit-il, de la compassion que Dieu a placée dans le coeur de Ses adorateurs. Dieu n'est Compatissant qu'envers les compatissants d'entre Ses adorateurs".

1532. 'Abdoullâh Ibn 'Omar (que Dieu agrée le père et le fils) a dit : Sa'd Ibn 'Ubâda tomba malade, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) vint lui rendre visite accompagné de Abdourrahmân Ibn 'Awf, de Sa'd Ibn 'Abî Waqqâs et de 'Abdoullâh Ibn Mas'oûd. Lorsqu'il entra, il trouva évanoui le malade qui fut entouré de sa famille. - "Est-ce qu'il a rendu le dernier soupir?", demanda-t-il. - "Non, ô Envoyé de Dieu", lui répondit-on. Alors le Prophète (صلى الله عليه وسلم) se mit à pleurer, et les assistants, voyant le Prophète (صلى الله عليه وسلم) pleurer, fondirent tous en larmes. Ensuite il reprit : "N'avez vous pas entendu que Dieu ne châtiera pas ni pour les larmes que versent les yeux, ni pour la tristesse du coeur. Mais Il châtiera -ou fera miséricorde- suivant l'usage que l'on aura fait de ceci", et il désigna sa langue.

Le fait d'endurer le malheur au premier choc

1534. D'après Anas Ibn Mâlik (que Dieu l'agrée), le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : "La (vraie) résignation consiste à supporter le premier choc d'une affliction".

Tourment du mort quand les siens pleurent sur lui

1536. D'après (que Dieu l'agrée), le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : "Le mort (qui a recommandé à sa famille de se répandre en lamentations à sa mort) sera châtié à cause des gémissements poussés par les siens".

1543. D'après Ibn 'Omar (que Dieu agrée le père et le fils), 'Abdoullâh Ibn 'Abî Mulayka a dit : 'Amr Ibn 'Uthmân et moi étions assis chez Ibn 'Omar, dans l'attente de l'arrivée du convoi funèbre de 'Umm 'Abân bint 'Uthmân. Ibn 'Abbâs arriva en la compagnie d'un guide qui lui désigna la place de Ibn 'Omar. Il vint donc s'installer de mon côté de telle façon que je fus entre les deux hommes (Ibn 'Omar et Ibn 'Abbâs). Nous entendîmes alors des cris émanant de la maison. Alors 'Abdoullâh Ibn 'Omar, proposant à 'Amr Ibn 'Uthmân de se lever pour faire arrêter ces gémissements : "J'ai entendu l'Envoyé de Dieu (صلى الله عليه وسلم) dire que le mort sera châtié à cause des lamentations répandues par les siens". 'Abdoullâh émit ce jugement sans restrictions. Ibn 'Abbâs répliqua alors : Nous étions en compagnie de l'émir des Croyants 'Omar Ibn Al-Khattâb. Quand nous atteignîmes un désert situé entre Médine et La Mecque, il s'aperçut d'un homme assis à l'ombre d'un arbre. - "Va voir qui est cet homme", m'ordonna Je trouvai là Suhayb et retournai à 'Umar lui dire que c'était Suhayb. - "Va et dis-lui de nous accompagner". - "Sa famille est avec lui". - "Même si sa famille est avec lui, dislui de nous accompagner" (peut-être l'a-t-il dit selon 'Ayyûb). Plus tard, lorsque fut mortellement frappé, Suhayb vint le trouver en pleurant et en criant : "Ah! Mon frère! Ah! Mon ami!". lui dit alors : "Ne sais-tu pas -ou n'as-tu pas entendu, selon 'Ayyûb - l'Envoyé de Dieu (صلى الله عليه وسلم) dire : Le mort sera châtié à causes de certains gémissements poussés par les siens (sur sa recommandation)". émit ainsi un jugement sans restrictions, tandis que ajouta qu'il s'agissait de certains cas seulement. J'allai trouver 'Aïcha et lui raconta ce qu' Ibn 'Omar avait dit. - "Par Dieu! l'Envoyé de Dieu (صلى الله عليه وسلم) n'a jamais dit que le mort sera châtié à cause des larmes versées par quiconque. Mais il a dit plutôt que Dieu accroîtra le châtiment du mécréant à cause des pleurs que versent les siens à sa mort". Il suffit de retenir ces mots du Coran : et que c'est Lui qui a fait rire et qui a fait pleurer, Et nul ne portera le fardeau d'autrui.

1549. Al-Mughîra Ibn Chu'ba (que Dieu l'agrée) a dit : J'ai entendu le Prophète (صلى الله عليه وسلم) dire : "Tout mort sera châtié le Jour de la Résurrection par les gémissements poussés par les siens à sa mort".

Gravité des gémissements

1551. 'Aïcha (que Dieu l'agrée) a dit : Quand le Prophète (صلى الله عليه وسلم) apprit la nouvelle de la mort d' Ibn Hâritha, de Ja'far ibn 'Abî Tâlib et de 'Abdoullâh Ibn Rawâha, il s'assit tout chagriné. Alors que je regardais par la fente de la porte, un homme vint trouver le Prophète et lui dit : "Ô Envoyé de Dieu! Les femmes de la maison de Ja'far se lamentent. Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) lui donna l'ordre d'aller les faire taire. L'homme partit, puis revint dire qu'elles ne lui avaient pas obéi. Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) lui donna de nouveau l'ordre d'aller les faire taire. L'homme revint de nouveau en disant : "Par Dieu! Ô Envoyé de Dieu, nous ne pouvons pas les faire taire". Selon 'Aïcha, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) lui dit alors : "Va les faire taire par tout moyen fût-ce de leur fourrer de la terre dans la bouche". 'Aïcha ajoute : "Moi, je dis à l'homme : Que Dieu t'humilie! Par Dieu, tu n'as pas fait ce que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) t'avait ordonné de faire et tu n'as pas débarrassé l'Envoyé de Dieu (صلى الله عليه وسلم) de son souci".

1552. 'Umm 'Atiyya (que Dieu l'agrée) a dit : "Lorsque nous prêtâmes serment au Prophète (صلى الله عليه وسلم), il nous fit jurer de ne point pousser des gémissements. Seules cinq femmes, parmi nous, tinrent leur engagement : 'Umm Sulaym, 'Umm Al-'Alâ', la fille de Abou Sabra, qui est la femme de Mu'âdh, -ou la fille de Abou Sabra et la femme de Mu'âdh".

Interdiction aux femmes de suivre le convoi funèbre

1555. 'Umm 'Atiyya (que Dieu l'agrée) a dit : "Il nous était interdit de suivre les convois funèbres, sans toutefois que cette interdiction soit de rigueur".

Lavage du mort

1557. 'Umm 'Atiyya (que Dieu l'agrée) a dit : L'Envoyé de Dieu (صلى الله عليه وسلم) entra alors que nous fumes en train de laver le cadavre de sa fille. Il nous dit : "Lavez-la trois ou cinq fois, ou même davantage si vous le jugez utile, avec de l'eau mêlée au jujubier. Lors du dernier lavage, mêlez à l'eau du camphre - ou un peu de camphre. Puis quand vous aurez terminé, faites-le-moi savoir". Et nous de l'appeler lorsque nous eûmes terminé. Il nous donna alors son pagne ('izâr) en disant : "Couvrez-en son corps".

Linceul du mort

1562. D'après Khabbâb Ibn Al-'Arat (que Dieu l'agrée), Nous émigrâmes avec le Prophète (صلى الله عليه وسلم) sans avoir d'autre but en vue que de plaire à Dieu, et c'est à Lui qu'incombe le soin de nous en récompenser. Certains d'entre nous moururent sans avoir rien goûté de cette récompense (dans ce bas monde), tel Mus'ab Ibn 'Umayr qui fut tué à la bataille de 'Uhud. Pour l'ensevelir, nous ne trouvâmes rien d'autre qu'une "burda" (robe d'homme en étoffe rayée de laine) qui fut si courte au point que si l'on en couvrait sa tête, ses pieds restaient découverts, et vice-versa. Alors le Prophète (صلى الله عليه وسلم) donna l'ordre de couvrir la tête du défunt et de placer sur ses pieds de l'Idhkhir (sorte de plante aromatique). D'autres, cependant, virent mûrir les fruits de leur récompense dans l'icibas et purent les cueillir.

1563. D'après 'Aïcha (que Dieu l'agrée), L'Envoyé de Dieu (صلى الله عليه وسلم) fut enseveli dans trois pièces d'étoffe blanche en coton sans qu'il y ait ni chemise ni turban. Quant à la "hulla" (robe d'homme) que les gens crurent qu'elle fut achetée spécialement pour en ensevelir le Prophète, elle fut laissée et le défunt fut enseveli dans les trois étoffes blanches de coton. 'Abdoullâh Ibn 'Abî Bakr prit la "hulla" en disant : "Je la garderai pour m'en servir de linceul". Puis il revint sur sa décision et dit : "Si Dieu, à Lui la puissance et la gloire, la voulait pour Son Prophète, celui-ci en aurait été enseveli". Il la vendit alors et dépensa son prix en aumône.

Recouvrir le mort

1566. D'après 'Aïcha, la mère des Croyants (que Dieu l'agrée), "Lors de sa morte, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) fut enseveli dans une robe ornée de lin ou de coton".

La marche à une allure rapide dans les convois funèbres

1568. D'après Abou Hourayra (que Dieu l'agrée), le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : "Prenez une allure rapide en emportant le cercueil. Si le défunt était un homme de bien, c'est un bien que vous lui ferez en l'enterrant si vite; s'il ne l'était pas, vous déchargerez vos épaules d'un mal".

Mérite de faire la prière des funérailles et de suivre le convoi funèbre

1570. D'après Abou Hourayra (que Dieu l'agrée), l'Envoyé de Dieu (صلى الله عليه وسلم) a dit : "Quiconque suit un convoi funèbre jusqu'à ce qu'il participe à la prière mortuaire, acquerra un qîrât (de récompense), et quiconque le suit jusqu'à son enterrement, acquerra deux qîrât". Comme on demandait au Prophète quelle était la valeur de ces deux qîrât, il répondit : "Ils équivalent à deux énormes montagnes".

1575. D'après l'affranchi du Prophète, Thawbân (que Dieu l'agrée), le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : "Quiconque participe à une prière mortuaire acquerra un qîrât (de récompense), et s'il assiste aussi à son enterrement, il acquerra deux qîrât. Le qîrât équivaut à la montagne de 'Uhud".

Les morts qui méritent les éloges et ceux qui méritent les reproches

1578. D'après Anas Ibn Mâlik (que Dieu l'agrée), Passant par un convoi funèbre et entendant les hommes faire l'éloge du mort, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) dit par trois fois : "Il lui est assuré". Passant par un autre convoi et entendant les hommes dire du mal du défunt, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) répéta à trois reprises : "Il lui est assuré". lui dit : "Que je sacrifie pour toi père et mère! Pourquoi quand on a passé par un convoi funèbre et que tu as entendu les gens faire l'éloge du défunt, tu as répété à trois reprises : "Il lui est assuré". Et quand on a passé par un autre convoi où les gens disaient du mal du défunt, tu as dit par trois fois : "Il lui est assuré". L'Envoyé de Dieu (صلى الله عليه وسلم) répondit : "A celui que vous avez loué, le Paradis est assuré; à cet autre dont vous avez dit du mal, l'Enfer est assuré. Vous êtes les témoins de Dieu sur terre. Vous êtes les témoins de Dieu sur terre. Vous êtes les témoins de Dieu sur terre".

Le délivré et celui dont on est délivré

1579. D'après Abou Qatâda Ibn Rib'î (que Dieu l'agrée), un convoi funèbre passant près de l'Envoyé de Dieu (صلى الله عليه وسلم), celui-ci dit : "Il y en a qui est délivré, et il y en a dont on est délivré". - "Qui est le délivré et qui est celui dont on est délivré, ô Envoyé de Dieu?", lui demanda-t-on. - "Le Serviteur Croyant, répondit-il, est délivré des peines de ce monde; quant au Serviteur pervers, tout le monde en sera délivré : hommes, pays, arbres et animaux".

Le "takbîr" dans la prière des funérailles

1580. D'après Abou Hourayra (que Dieu l'agrée), l'Envoyé de Dieu (صلى الله عليه وسلم) annonça aux fidèles la mort du Négus le jour même où elle eut lieu. Il les réunit ensuite à la mosquée où il prononça quatre fois le takbîr (dire [Allahou akbar]).

1582. D'après Jâbir Ibn 'Abdoullâh (que Dieu agrée le père et le fils), le Prophète (صلى الله عليه وسلم), faisant la prière funéraire sur 'Ashama le Négus, prononça quatre fois le takbîr.

Prière faite auprès de la tombe

1586. 'Abdoullâh Ibn 'Abbâs (que Dieu agrée le père et le fils) a dit : "Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) fit la prière mortuaire auprès de la tombe d'un homme qui fut déjà enterré et commença par prononcer quatre fois le takbîr".

1588. D'après Abou Hourayra (que Dieu l'agrée), l'Envoyé de Dieu (صلى الله عليه وسلم) remarqua l'absence d'une femme négresse -ou d'un jeune homme - qui était chargé(e) de nettoyer la mosquée. Quand il s'enquit sur elle -ou lui-, et on l'informa qu'elle -ou qu'il- est mort(e), il dit : "Pourquoi ne m'avez-vous pas mis au courant de sa mort?". Abou Hourayra a ajouté : "Ils avaient l'air d'en faire peu d'importance". - "Indiquez-moi sa tombe", leur dit-il. Ils la lui montrèrent, et l'Envoyé de Dieu (صلى الله عليه وسلم) s'y rendit pour faire la prière mortuaire, puis il dit : "Les ténèbres s'épiassent autour des habitants de ces tombes, Dieu - à Lui la puissance et la gloire - les leur illuminera grâce à la prière que je viens de faire".

Se lever lorsqu'un convoi funèbre passe

1590. D'après 'Amir Ibn Rabî'a (que Dieu l'agrée), le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : "Lorsque vous voyez passer un convoi funèbre, levez-vous et restez ainsi jusqu'à ce qu'il vous ait dépassé ou que le cercueil soit déposé (par terre ou dans la tombe)".

1591. D'après Abou Sa'îd (que Dieu l'agrée), le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : "Lorsque vous suivez un convoi funèbre, ne vous vous asseyez jamais avant que le cercueil ne soit déposé (par terre ou dans la tombe)".

1596. Le récit de Qays Ibn Sa'd et de Sahl Ibn Hunayf (que Dieu agrée le père et le fils), d'après Ibn Abou Laylâ, Qays Ibn Sa'd et Sahl Ibn Hunayf étaient un jour assis à Al-Qâdisiyya lorsqu'un convoi funèbre passa près d'eux. Comme ils se levèrent, on leur dit : "C'est le convoi d'un homme du pays (c'est-à-dire, d'un tributaire). - Le Prophète (صلى الله عليه وسلم), répondirent-ils, se leva devant un convoi funèbre qui passa devant lui, et comme on lui fit remarquer que c'était celui d'un juif, il répliqua : "Ne s'agit-il pas d'une âme!"

Où se tient l'imam quand il fait la prière des funérailles

1602. D'après Samura Ibn Jundub (que Dieu l'agrée), J'ai fait derrière le Prophète (صلى الله عليه وسلم) la prière mortuaire sur 'Umm Ka'b qui était morte en couches. Pendant la prière, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) se tint en face du milieu du cadavre.

DicoDinn - 2011/1431
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