Il est réprouvable pour l'orant de négliger l'un des actes recommandés (sunan précités. Il lui et également déconseillé de :
1- Tripoter ses vêtements ou les parties de son corps, sauf en cas de besoin, auquel cas de tels actes sont permis. Mu'ayib rapporte : " je demandai au Prophète (صلى الله عليه وسلم) si l'orant pouvait faire rouler des pierres tout en priant. - Ne fais pas cela, m'enjoignit-il, à moins que tu ne les disposes en les ajustant. " Ce hadîth est rapporté par Al-Bukhârî, Muslim, Abû Dâwûd, At-Tirmidhî, An-Nasâ'î, Ibn Mâja et Ahmad. Abû Dharr rapporte que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Lorsque l'un d'entre vous se met debout pour la prière, c'est la Miséricorde qu'il a vis-à-vis de lui. Qu'il fasse pas rouler des pierres (dans sa main). " Cette tradition est mentionnée par Ahmad, Abû Dâwûd, At-Tirmidhî, An-Nasâ'î et Ibn Mâja. Umm Salama rapporte que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) dit à un jeune domestique appelé Yasâr, lequel venait de souffler au cours dela prière : " Ton visage se couvre de poussière pour Dieu. " Ce hadîth est rapporté par Ahmad, assorti d'une chaîne qualifiée d'excellente.
2- Mettre les mains sur les hanches pendant la prière. Abû hurayra rapporte que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a interdit cette posture dans la prière. Ce hadîth est rapporté par Abû Dâwûd.
Regarder vers le ciel. Abû Hurayra rapporte que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Que les gens qui regardaient vers le ciel pendant la prière s'abstiennent de le faire, ou bien leurs yeux seront aveuglés. " Ce hadîth est rapporté par Ahmad, Muslim et An-Nasâ'î.
Regarder quelque chose qui distrait l'attention. 'Â'isha rapporte que le Prophète (صلى الله عليه وسلم), ayant fait la prière vêtu d'une étoffe noire imprimée de motifs, dit ensuite : " Les motifs de cette étoffe m'ont distrait. Rendez-la à Abû Jahm et apportez-moi son vêtement de Manbij. " Ce hadîth rapporté par Muslim et Al-Bukhârî. Al-Bukhârî rapporte, citant Anas : " 'Â'isha utilisait un rideau léger pour voiler un côté de sa maison. le Prophète (صلى الله عليه وسلم) lui dit : " Ôte ton rideau, car les images qu'il y a dessus ne cessent de m'importuner pendant la prière. " Ce dernier hadîth prouve que le déchiffrage d'une écriture au cours de la prière n'invalide pas cette dernière.
3- Fermer les yeux. Certains docteurs de la Loi ont déconseillé ce geste, d'autres l'ont jugé permis sans être déconseillé. Or le hadîth rapporté qui le déconseille est loin d'être authentique. Ibn Al-Qayyim commente : " Le plus juste est de dire qu'il est préférable d'ouvrir les yeux si cet acte n'affecte pas la ferveur de l'orant ; si par contre il empêche le recueillement et la ferveur de l'orant, à cause des motifs et des ornements qui se profilent dans sa qibla, il n'est pas réprouvable alors de fermer les yeux. Mieux, estimer que cela est préférable serait plus en harmonie avec les fondements et les finalités de la loi religieuse. "
4- Faire signe des mains lors du salut final. Jâbir Ibn Samura rapporte : " Nous étions en train de prier derrière le Prophète (صلى الله عليه وسلم). A la fin de la prière, il déclara : " Mais qu'ont-ils donc ces orants, à faire signe des mains lors du salut ? On dirait des queues de chevaux effarouchés. Alors qu'il suffit, pour chacun, de poser la main sur la cuisse et de dire : " Paix sur vous, paix sur vous. " Ce hadîth est rapporté par An-Nasâ'î dont c'est la version, ainsi que par d'autres traditionnistes.
5- Se couvrir la bouche et déployer ses vêtement jusqu'au sol (al-sadl. Abû Hurayra rapporte que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a interdit que l'on déploie son vêtement jusqu'au sol et que l'on se couvre la bouche au cours de la prière. Ce hadîth est rapporté par Abû Dâwûd, At-Tirmidhî, An-Nasâ'î, Ibn Mâja et Ahmad, ainsi que par Al-Hakîm ; celui-ci le dit authentique selon les conditions posées par Muslim. Al-Khattâbî précise : " Al-sadl consiste à laisser tomber son tissu jusqu'au sol. " Al-Kamâl Ibn Al-Humâm a dit : " Cela vaut également pour le pardessus lorsqu'il est porté sans que les mains soient introduites dans les manches. "
6- Faire la prière en présence d'un repas. 'Â'isha rapporte que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Quand le dîner est servi et qu'on annonce la prière, commencez par vous restaurer. " Cette tradition est rapporté par Ahmad et Muslim. Nâfi' rapporte qu'Ibn 'Umar avait coutume, lorsque l'heure du repas coïncidait avec l'annonce de la prière, de se restaurer d'abord, alors qu'il entendait déjà la récitation de l'imâm, puis de se livrer à la prière. Ce propos est rapporté par Al-Bukhârî. Al-Khattâbî constate : " Si le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a recommandé que la priorité soit accordée au repas, c'est pour que l'appétit de l'orant se trouve assouvi, lui permettant d'entrer dans la prière en toute sérénité, l'âme paisible et rassasiée, loin de toute promptitude qui l'amènerait à ne pas s'acquitter dûment de la prière. "
7- Réprimer ses besoins naturels, entre autres préoccupations susceptibles de distraire l'orant. Pour preuve, ce hadîth rapporté par Ahmad, Abû Dâwûd et At-Tirmidhî - et que ce dernier tient pour bon (hasan) : " Thawbân affirme que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Il est trois actes que nul ne doit perpétrer : d'abord, diriger des orants dans la prière et prononcer des invocations exclusivement pour soi-même, car ce serait les trahir que d'agir ainsi. Ensuite, regarder à l'intérieur d'une maison avant de demander la permission (d'entrer), car le faire, c'est comme si on y était déjà entré. Enfin, faire la prière tout en réprimant ses besoins naturels ; il faut d'abord se soulager de cette gêne. " Ahmad, Muslim et Abû Dâwûd rapportent ce hadîth de 'Â'isha : " J'ai entendu le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) dire : " Que nul ne prie en préence du repas, non plus qu'en réprimant ses besoins naturels. "
8- Prier en luttant contre le sommeil. 'Â'isha rapporte que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Quand l'un d'entre vous se voit gagné par le sommeil, qu'il se couche jusqu'à ce que la somnolence disparaisse. Car s'il prie en sommeillant, peut-être en viendrait-il à proférer des injures contre lui-même là où il pensait implorer le pardon. " Ce hadîth est rapporté par Al-Bukhârî, Muslim, Abû Dâwûd, At-Tirmidhî, An-Nasâ'î, Ibn Mâja et Ahmad. Abû Hurayra rapporte que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Si l'un d'entre vous se lève la nuit pour faire la prière et qu'il ne récite le Coran que péniblement et confusément, qu'il regagne alors sa couche. " Cette tradition est rapportée par Ahmad et Muslim.
9- Prendre un lieu fixe dans la mosquée. 'Abd Ar-Rahmân Ibn Shibl rapporte : " Le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) a prohibé que l'on pique le sol comme un corbeau, qu'on s'assoie comme un lion et qu'on assigne un endroit fixe à la mosquée, telle la bête qui s'attache à son lieu habituel. " Ce hadîth est rapporté par Ahmad, Ibn Khuzayma, Ibn Hibbân et Al-Hâkim ; ce dernier l'a authentifié.
La prière et nulle et ses finalités manquées si l'on fait un des actes suivants :
- Boire et manger délibérément. Ibn Al-Mundhir affirme : " Les docteurs de la Loi s'accordent à considérer que l'orant qui boit ou mange de façon volontaire doit refaire sa prière. De l'avis de la majorité des doctes, il en va autant pour la prière surérogatoire ; car ce qui invalide une obligation invalide également une surérogation. "
- Tenir délibérément des propos sans rapport avec la prière. Zayd Ibn Arqam rapporte : " Nous parlions au cours de la prière ; l'orant pouvait s'entretenir avec son voisin, jusqu'à ce que fût révélé le verset coranique : {Et absorbés, tenez-vous debout devant Dieu}. Il nous fut dès lors enjoint de nous taire. Ce propos est rapporté par Al-Bukhârî, Muslim, Abû Dâwûd, At-Tirmidhî, An-Nasâ'î, Ibn Majâ et Ahmad. Ibn Mas'ûd rapporte : " Au départ, nous saluions le Proophète (صلى الله عليه وسلم) lorsqu'il priait et il répondait à notre politesse. Mais à notre retour de chez le Négus, nous lui présentâmes nos civilités et il refusa d'en faire autant, absorbé qu'il était par la prière. - Ô Messager de Dieu, lui dit-on, tu nous répondais lorsque nous te présentions nos politesses. - La prière, répondit le Prophète, est une occupation qui exclut toute causerie. " Ce hadîth est rapporté par Al-Bukhârî et Muslim. Force est de signaler que la prière de l'orant qui parle par inadvertance ou par ignorance de cette règle, est jugée valable.
Mu'âwiya Ibn Al-Hakam As-Sulamî rapporte : " Pendant que je faisais la prière en compagnie du Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم), un des orants éternua. " Que Dieu t'accorde Sa miséricorde ", lui dis-je. les gens me dévisagèrent. - Par Dieu ! m'écriai-je, qu'avez-vous à me regarder ainsi ? Il se mirent à frapper des mains sur leurs cuisses pour que je garde le silence. Je voulus parler mais finis par me taire. Lorsque le Prophète (صلى الله عليه وسلم) eut terminé la prière, je n'ai jamais vu, puissent mon père et ma mère lui servir de rançon, de pédagogue plus ingénieux ni d'enseignant plus fin que lui : loin de me gronder ou de me dévisager avec une quelconque animosité, il se contenta d'affirmer : " La prière n'est point propice aux propos des gens. Elle consiste uniquement en exaltation (tasbîh), en proclamation de la grandeur de Dieu (takbîr) et en récitation du Coran. " Ce hadîth est rapporté par Ahmad, Muslim, Abû Dâwûd et An-Nasâ'î. L'on voit que Mu'âwiya Ibn Al-Hakam As-Sulamî ayant parlé au cours de la prière prce qu'il ignorait la norme, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) ne lui ordonna point de refaire la prière. Pour ce qui est de la validité de la prière quand bien même s'y mêlent les paroles d'autrui, elle trouve son argument dans ce hadîth d'Abû Hurayra : " Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) nous dirigea dans la prière de midi ou de l'après-midi. Lorsqu'il eut prononcé le salut final, Dhû Al-Yadayn s'adressa à lui en ces termes : " Ô Messager de Dieu, aurais-tu oublié quelque chose ou est-ce la prière qui a été raccourcie ? - Ni l'un ni l'autre, répondit le Prophète. - Pourtant tu as oublié quelque chose, ô Messager de Dieu. - Est-ce vrai, ce que dit Dhû Al-Yadayn ? demanda-t-il. - Oui, répondirent les fidèles. A ces mots, Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) fit une prière de deux cycles, suivie de deux prosternations pour compenser son omission. Ce hadîth est rapporté par Al-Bukhârî et Muslim.
Les mâlikites considèrent qu'il est loisible de parler au cours de la prière dès lors qu'il s'agit de la rectifier, à condition que ces paroles ne soit pas fréquentes au point de faire jurisprudence et s'ériger en coutume, et qu'elles ne soient pas entendues comme une exaltation. Al-Awzâ'î constate : " La prière de l'orant qui profère délibérément quelque parole destinée à la rectifier n'est point nulle. " Al-Awzâ'î émet un jugement tout aussi favorable sur le cas de l'homme qui, effectuant la prière de l'après-midi en récitant à voix haute, entend quelqu'un derrière lui le prévenir qu'il s'agit de la prière de l'après-midi. "
- Faire plusieurs mouvements (extérieurs à la prière) de propos délibéré. Les doctes divergent sur la détermination du critère de la quantité, les uns estimant que plusieurs mouvements, quantitativement parlant, sont ceux qui, vu de loin, apparaîtront avec certitude comme étant autre chose qu'une prière. Mis à part ce cas, tout le reste est pris pour des mouvements sans importance. Certains affirment que l'auteur de nombreux mouvements laisse imaginer qu'il n'est point en prière. An-Nawawî commente : " Tout acte qui, ne relevant pas de la prière, est fait en quantité est un acte qui invalide cette prière, de l'avis unanime des doctes. S'il reste faible en termes de quantité, il est jugé, à l'unanimité aussi, comme n'entrînant point la nullité de cette prière. Telle est la norme à suivre. Mais les doctes ont divergé sur la détermination d'une faible quantité et d'une grande quantité. " Quatre cas ont été alors envisagés, dont An-Nawawî retient le dernier, qu'il qualifie sur un ton catégorique de " valide et notoire ". Selon la majorité des doctes, il convient de s'en remettre à l'usage en cette matière : n'invalideraient pas la prière, les gestes qui passent pour être anodins, comme de rendre le salut, ôter ses souliers, enlever ou ajuster son turban, mettre ou ôter une étoffe légère, prendre un petit enfant et le poser, repousser doucement un passant, frictionner son habit avec de la salive, etc. Parmi les actes que les gens estiment comme nombreux, et, partant, de nature à invalider la prière, le fait de marcher en faisant plusieurs pas successifs, d'exécuter certains gestes de manière continue. An-Nawawî constate : " On s'est accordé à estimer que les actes de l'orant rendent nulle a prière s'ils sont successifs. Epars çà et là, tel le fait de faire un pas, de s'arreêter, puis de refaire un pas après un laps de temps, ces actes ne seraient point graves, de l'avis unanime des doctes. S'agissant des gestes banals (remuer les doigts lors du i>tasbîh, par exemple, se frotter légèrement, faire ou défaire un noeud), ce qui est d'une validité notoire, c'est qu'il ne sauraient rendre nulle la prière quand bien même ils seraient fréquents et successifs. Il n'en demeure pas moins qu'ils sont déconseillés. D'après Ash-Shâfi'î - que Dieu l'ait en Sa sainte miséricorde -, si l'orant compte avec les doigts les versets coraniques qu'ils récite, sa prière ne sera point invalidée. Toujours est-il qu'il est préférable d'éviter de tels gestes. "
- négliger sciemment et sans motif un élément constitutif de la prière. Al-Bukhârî et Muslim rapportent à cet égard que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) dit au bédouin qui n'avait pas fait sa prière correctement : " Va refaire ta prière, car tu n'a point priè " Ce hadîth est cité plus haut. Ibn Rushd commente : " On s'accorde à considérer que l'orant qui, délibérément ou par inadvertance, fait la prière en état d'impureté, ou bien tourné vers une direction autre que la qibla, est tenu de refaire sa prière. En somme, quiconque vient à manquer à l'une des règles essentielles de la prière est appelé à la recommencer. "
- Sourire et rire au cours de la prière. Ibn Al-Mundhir rapporte que les doctes sont unanimes à juger invalide toute prière dans laquelle l'orant aura ri. An-Nawawî constate : " Cela s'applique à l'orant qui rit d'une manière exagérée. La majorité des doctes affirment qu'il n'est grave de sourire que si l'orant se voit dominé par le rire et ne peut y résister, sa prière sera valide tant que ce rire reste léger. Autrement, elle sera nulle. Précisément, quantité et degré d'intensité sont à déterminer à l'aune de la coutume. "
Les docteurs de la Loi sont unanimes à dire que le rattrapage de la prière est chose obligatoire pour celui qui l'a négligée par oubli ou à cause du sommeil. Qu'on en juge par ce hadîth du Prophète (صلى الله عليه وسلم) : " Dans le sommeil, il ne saurait y avoir demanquement. Celui-ci se produit à l'état d'éveil. Aussi, celui qui oublie une prière ou s'endort sans l'accomplir doit-il s'en acquitter quand il s'en rappellera. "
Pour une personne évanouie, le rattrapage n'est point impératif. Il ne le devient que si cette personne retrouve la conscience à un moment propice pour faire les ablutions et entrer à temps dans la prière. 'Abd Ar-Razzâq rapporte, citant Nâfi', qu'Ibn Umar se plaignit une fois d'avoir perdu la conscience de sorte à manquer la prière. En se réveillant, il n'effectua point la prière manquée. Ibn Jurayj rapporte, citant Ibn Tŵûs, qui cite son père : " Le malade qui se réveille après avoir perdu connaissance n'est pas tenu de refaire la prière. " Ma'mar a dit : " J'ai interrogé Az-Zuhrî sur le cas de la personne évanouie. " Elle ne doit point rattraper la prière manquée ", me répondit-il.
Hammad ibn Salama rapporte, citant Yûnus Ibn 'Ubayd, qu'Al-Hasan Al-Basrî et Muhammad Ibn Sîrîn affirmaient : " L'homme évanoui ne refait point la prière qu'il a manquée en cet état. "
Quant à celui qui néglige délibérément une prière, l'opinion de la majorité des doctes est qu'il a commis un péché, et qu'il est obligé de le rattraper. Ibn Taymiyya constate, pour sa part : " Pour celui qui manque délibérémnt une prière, il n'est pas valide de la rattraper ; il doit plutôt multiplier les prières surérogatoires. "
Ibn Hazm (le dhâhirite) ayant étudié à fond cette question, nous résumerons, dans ce qui suit, ses constatations : " Celui qui manque une prière de manière délibérée jusqu'à expiration du temps de cette prière, celui-là ne peut nullement la rattraper. Ainsi, devra-t-il s'appliquer avec zèle à faire le bien et à multiplier les surérogations afin d'améliorer sa balance le Jour de la résurection ; et qu'il se repente et implore le pardon de Dieu le Très-Haut, le Très Exalté. "
" Abû Hanîfa, Mâlik et Ash-Shâfi'î, poursuit Ibn Hazm, estiment qu'il doit rattraper cette prière après expiration de son terme. Mâlik et Abû Hanîfa, en particulier, considèrent que celui qui délaisse volontairement une ou plusieurs prières, doit l'effectuer avant celle dont le moment est arrivé ; et cela si les prières manquées sont au nombre de cinq au maximum. Si ce nombre dépasse les cinq, il commencera par la prière présente. pour preuve, ce verset coranique : {Malheur, donc, aux célébrateurs d'Office qui sont négligents dans leur Office} (S. 107, v. 4-5) ; et cet autre verset : {Puis leur succédèrent des successeurs qui perdirent l'Office et suivirent les désirs. Ils auront tôt fait de rencontrer la perdition} (S. 19, v. 59).
" Ainsi, si celui qui néglige volontairement une prière pouvait la rattraper (après expiration de son échéance), il ne serait point passible d'encourir malheureusement ni égarement, et ce au même titre que celui qui la diffère aux instants ultimes avant son expiration, alors qu'il pouvait s'en acquitter bien avant.
D'ailleurs, Dieu le Très-Haut a assigné à chaque prière obligatoire une temps dont les limites, soit son début soit sa fin, sont nettes. Autant dire qu'il n'est point de différence entre celui fait la prière avant terme et celui qui s'en acquitte trop tard, les deux ayant également transgressé les limites fixées par Dieu le Très-Haut. De fait, on lit dans le Coran : {Quiconque cependant transgresse les bornes de Dieu se manque alors à lui-même}.
" en outre, le rattrapage est censé être une obligation dictée par la Loi religieuse. or, cette dernière n'est valable qu'émanant de Dieu le Très-Haut par le truchement de Son Messager (صلى الله عليه وسلم). aussi, sommes-nous fondés à nous adresser à ceux qui préconisent le rattrapage de la prière de la part de celui qui l'a négligée volontairement, et de leur demander : cette prière dont vous prônez le rattrapage, est-ce celle que Dieu lui a ordonné de faire ou bien est-ce une autre ? S'ils disent que c'est celle-là même que Dieu lui a ordonné de faire, nous rétorquerons : " Celui qui l'a négligée ne serait point un désobéisant, dans la mesure où il aura procédé selon l'injonction divine. Vos propros ne seraient alors point répréhensibles, et ce ne serait point une chose condamnable que de délaisser la prière jusqu'à expiration de son terme. Or, pareils propos ne sauraient venir de la bouche d'un musulman. "
" Et s'ils répondent qu'il ne s'agit point de la prière telle que Dieu le Très-Haut nous l'a ordonnée, nous dirons : " Vous avez raison. " Et cela suffit, car ils auront alors préconisé ce que Dieu a recommandé. "
" Nous les interrogerons ensuite sur celui qui s'est avisé délibérément de manquer à l'accomplissement d'une prière en son temps : est-ce une obéissance de sa part ou une désobéissance ? "
" s'il répondent que c'est un acte d'obéissance, ils se seront, de ce fait, écartés du consensus incontestable de la Communauté musulmane, autant que du Coran et des traditions (sunan) avérées. "
" S'ils jugent qu'il s'agit là d'un acte d'insoumission, ils seront dans le vrai. Et il est hors de question qu'une insoumission puisse tenir lieu d'obéissance. Dieu le Très-Haut a fixé les moments impartis à la prière, et ce à travers les enseignements de Son Messager (صلى الله عليه وسلم). A chaque prière sont assignés un début sur lequel on ne saurait anticiper et un terme après lequel il n'est plus temps d'effectuer cette prière. c'est là une certitude que nul musulman ne conteste. S'il était permis de s'en acquitter après coup, la détermination, par le Prophète (صلى الله عليه وسلم), du moment de son expiration serait dénuée de sens, et ses paroles en viendraient à être pur verbiage. Tout travail est d'ailleurs délimité par un temps défini hors des frontières duquel il perd sa valeur et sa raison d'être. Autrement, à quoi bon se mettrait-on à lui assigner tel moment ou telle durée ? Cela va de soi. "
" Puis, après de longues spéculations, Ibn Hazm (le dhâhirite) affirme : " Si le rattrapage après coup de la prière manquée délibérément était un acte obligatoire, Dieu le très-haut et Son Messager (صلى الله عليه وسلم) n'auraient nullement omis de l'énoncer, ni ne se seraient avisés sciemment de nous éprouver par une telle omission. {Ton Seigneur, cepedant, n'est pas oublieux}. Or, toute législation n'émanant pas du Coran et de la Sunna demeure sans fondement. On rapporte, par le biais d'une chaîne authentique, que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Celui qui manque la prière de l'après-midi, c'est comme s'il avait été atteint dans sa famille et dans ses biens. " C'est dire que ce qui a été manqué ne saurait être récupéré ; et même si l'on tentait de le faire, il serait trop tard. Voilà qui est indéniable. A cet égard, la Communauté musulmane entière s'accorde à considérer que la prière est dite révolue une fois que son temps a expiré. C'est là un consensus incontestable. Et s'il était possible de rattraper une telle prière et de s'en acquitter, ce serait alors un mensonge et une fausseté que de dire que son temps était passé. Aussi, est-il établi de science certaine que son rattrapage est chose exclue. Parmi les sommintés qui partagent notre opinion figurent 'umar Ibn Al-Khattâb, son fils 'Abdallâh, Sa'd Ibn Abî Waqqâs, Salmân Al-Fârisî, Ibn Mas'ûd, Al-Qâsim Ibn Muhammad Ibn Abî bakr, Budayl Al-'Uqaylî, Muhammad Ibn Sîrîn, Mutarrif Ibn 'Abdallâh, 'Umar Ibn 'Abd Al-'Azîz, entre autres doctes.
" Dieu le Très-Haut n'a point laissé aux fidèles enjoints de faire la prière le loisir d'invoquer une quelconque excuse pour en remettre l'accomplissement à un temps ultérieur, quand bien même ils seraient engagés dans une bataille, ou bien en proie à la peur, à la maladie, ou encore en voyage. Dieu le Très-Haut dit : {Et lorsque tu te trouves parmi eux et que tu leur établis l'Office, qu'un groupe d'entre eux se mette debout en ta compagnie} ; Il a dit aussi : {Si vous êtes en péril, alors priez, à pied ou montés}.
" Même au fidèle gravement malade, Dieu a défendu d'effectuer la prière après coup. il a recommandé néanmoins qu'en cas d'incapacité, on fasse la prière en position assise, et, si cela est impossible, en se couchant sur un côté. De même, si l'eau est déconseillée pour le malade, les ablutions se feront avec une pierre ou du sable, faute de quoi il pourra s'en passer.
" D'où vient donc que l'on juge permis de délaisser la prière jusqu'à expiration de son temps et qu'on ordonne ensuite sa réalisation après coup ? ce faisant, on apprendrait à l'orant inappliqué qu'une telle prière, ainsi retardée, ferait son affaire et serait digne de rétribution. Et tout cela sans référence aucune ni au Coran ni à la Sunna, qu'elle soit authentique ou non, ni aux propos de tel ou tel Compagnon ni à une quelconque approche analogique (qiyâs). "
Et Ibn Hazm de poursuivre : " concernant notre affirmation selon laquelle l'auteur d'un tel manquement se doit de se racheter en imporant pardon et en multipliant les surérogations, elle trouve sa justification dans ce verset coranique : {Puis leur succédèrent des successeurs qui perdirent l'Office et suivirent les désirs. ils aurant tôt fait de rencontrer la perdition. Sauf celui qui se repent et croit et oeuvre le bien : ils entreront donc au Paradis, - et on ne leur manquera point} (S. 19, v. 59-60). Et dans ces autres paroles de Dieu le Très-Haut : {Et pour ceux qui, s'ils ont commis quelque turpitude ou prévariqué contre eux-mêmes se souviennent de Dieu eet demandent pardon de leurs péchés} ; {Quiconque fait un bien du poids d'un atome, le verra, et quiconque fait un mal du poids d'un atome, le verra} ; {Au jour de la résurrection, Nous poserons les balances justes et nulle âme, donc, ne sera lésée} (S. 21, v. 47).
A la lumière des enseignemnets énoncés dans les textes, la Communauté est unanime à considérer que la surérogation, tout comme les cultes obligatoires, recèle une part de bien dont Dieu connaît la valeur mieux que quiconque. il est donc impératif qu'une part suffisante de surérogation vienne combler les lacunes constatées dans les pratiques cultuelles prescrites afin de parfaire cees dernières. Dieu le Très-Haut nous apprend précisément qu'Il ne saurait négliger l'oeuvre d'un fidèle et que les bonnes actions font disparaître les mauvaises.
Celui qui se voit incapable, en raison d'un malaise ou d'une maladie, de se tenir debout pour la prière obligatoire a latitude de prier assis. S'il ne peut le faire ainsi, il lui est alors permis de s'étendre sur un côté et de faire des signes en remuant doucement la tête en guise d'inclinaison et de prosternement. Ce faisant, il baissera davantage la tête lors du prosternement. Qu'on en uge par ce verset coranique : {Rappelez-vous Dieu, debout, assis, couchés} (S. 4, v. 103).
'imrân Ibn Husayn rapporte qu'ayant souffert d'hémorroïdes, il interrogea le Prophète (صلى الله عليه وسلم) sur la façon dont il devait prier. " Fais la prière debout, répondit le Prophète (صلى الله عليه وسلم) ; si tu ne le peux pas, fais-la assis ; sinon, sur le côté " Ce hadîth est rapporté par Al-Bukhârî, Muslim, Abû Dâwûd, At-Tirmidhî, An-Nasâ'î, Ibn Mâja et Ahmad ; An-Nasâ'î ajoute : " Si tu ne le peux pas, alors allonge-toi. "
Dieu le Très-Haut a dit : {Dieu n'oblige une personne que selon sa capacité} (S. 2, v. 286).
Jâbir rapporte que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) ayant rendu visite à un malade, il le trouva en train de prier sur un coussin. Il prit alors ce coussin et le mit de côté. " Prie à terre si tu peux, sinon fais des signes (avec la tête) en prenant soin de baisser davantage la tête lors du prosternement que lors de l'inclinaison. " Ce hadîth est rapporté par Al-Bayhaqî ; sa chaîne de transmission est authentifiée par Abû Hâtim.
On entend par incapacité le fait de ressentir malaise ou peine à réaliser les actes de la prière, de redouter que la maladie ne s'aggrave ou ne se prolonge, de craindre le vertige, etc.
L'orant qui ne peut se tenir debout devra, en échange, s'asseoir les jambes croisées. 'Â'isha rapporte : " J'ai vu le Prophète (صلى الله عليه وسلم) prier assis, les jambes croisées. " Ce hadîth est rapporté par An-Nasâ'î et authentifié par Al-Hâkim. Il est également permis de s'asseoir comme on le fait lorsqu'on prononce le tashahhud.
Pour l'orant qui se voit incapable de célébrer la prière debout ou en position assise, il est recommandé de prier sur le côté. S'il ne le peut pas, qu'il s'étende, la plante des pieds dirigée autant que possible vers la qibla. Ibn Al-Mundhir penche pour cette dernière option. Un hadîth jugé faible a été rapporté à ce propos. 'Alî rapporte que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Le malade prie debout s'il le peut ; s'il ne le peut pas, il priera en position assise : s'il ne peut pas se prosterner, il fera des signes avec la tête en prenant soin de la baisser davantage lors du prosternement que lors de l'inclinaison. Faute de pouvoir se tenir en position assise, il se couchera sur le flanc droit en se tenant en direction de la qibla. " Cette tradition est rapporté par Ad-Dâraqutnî. Certains estimes que le malade a latitude de prier de la manière la plus commode possible.
Il est à souligner enfin que les différents hadîth semblent préconiser qu'à défaut de pouvoir faire des signes, le malade est exempté de la prière.
Les doctes sont unanimes à considérer que la prière de la peur est légitime à en juger par la parole de Dieu le Très-Haut : {Et lorsque tu te trouves parmi eux et que tu leur établis l'Office, qu'un groupe d'entre eux se mette debout en ta compagnie, et prenne ses armes. Puis lorsqu'il a fait la prosternation, qu'il passe derrière vous et que viennen l'autre groupe, celui qui n'a pas célébré l'Office ; à celui-ci de célébrer alors l'Office avec toi et de prendre la garde et ses armes ; - les mécréants aimeraient vous voir négliger vos armes et vos bagages ; ils tomberaient sur vous tout d'une tombée ; - on ne vous fera pas grief, si vous êtes incommodés par la pluie, ou malades, de déposer les armes, mais prenez garde. Dieu vraiment a préparé pour les mécréants un châtiment avilissant} (S. 4, v. 102).
L'imâm Ahmad constate : " A propos de la prière de la peur, six ou sept hadîth ont été attestés. L'orant pourra valablement mettre en application celui d'entre eux qu'il veut. " Ibn Al-Qayyim affirme à ce titre : " Les principes régissant cette prière sont au nombre de six, auxquels ont été ajoutés d'autres principes de la part de certains doctes. Ces derniers, au fur et à mesure que les transmetteurs différaient dans leurs versions de la tradition et apportaient quelque particularité, s'avisaient d'ajouter des aspects en conséquence, tant et si bien que ces principes furent au nombre de dix-sept. Les actes du Prophète (صلى الله عليه وسلم) peuvent nonobstant s'imbriquer ; cela procèderait de la diversité des relations faites par les transmetteurs. Al-Hâfidh affirme : " Voici les principes établis en cette matière :
1- L'ennemi se trouve dans une direction autre que celle de la qibla. lors des prières binaires, l'imâm dirige un premier groupe de combattants avec qui il effectue un seul cycle de prière, puis il attend qu'ils terminent seuls l'autre cycle et s'en aillent faire face à l'ennemi. Vient ensuite le second groupe pour effectuer avec l'imâm le second cycle de prière (qui sera le premier pour eux). Aussitôt celui-ci achevé, l'imâm attend qu'ils accomplissent eux-mêmes leur deuxième cycle de prière ; puis il fait le salut final pour l'ensemble des orants. Sâlih Ibn Khawât rapporte, citant Sahl Ibn Abî Khuthayma : " Un groupe fit la prière en compagnie du Prophète (صلى الله عليه وسلم) alors qu'un autre faisait face à l'ennemi. Le Messager de Dieu fit d'abord un cyce de prière avec le premier groupe, puis il se tint debout en attendant que les combattants terminent seuls leur prière et partent faire face à l'ennemi. Vint ensuite le deuxième groupe de combattants, que le Prophète dirigea dans le deuxième cycle restant de sa propre prière ; après quoi celui-ci resta assis jusqu'à ce que le groupe finisse sa prière ; enfin, il fit le salut final pour tout le monde. " Ce hadîth est rapporté par Al-Bukhârî, Muslim, Abû Dâwûd, An-Nasâ'î et Ahmad.
2- L'ennemi se trouve dans une direction autre que celle de la qibla. l'imâm dirige un premier groupe de combattants, l'autre groupe se tenant face à l'ennemi. Le premier groupe effectue un cycle de prière avec l'imâm puis va se mettre en vis-à-vis de l'ennemi. C'est alors que vient le second groupe, qui fait un cycle de prière en compagnie de l'imâm. Puis chacun des groupes s'acquitte seul du cycle de prière restant. Ibn 'Umar rapporte que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) procéda exactement de cette manière ; il précise que celui-ci prononça le salut et c'est alors que chaque groupe accomplit son cycle de prière restant. Ce hadîth est rapporté par Ahmad et les deux cheikhs, Al-Bukhârî et Muslim. Selon toute vraisemblance, il ressort de ce hadîth que le second groupe achève sa prière juste après le salut final de l'imâm ; il n'y a donc point d'interruption entre ses deux cycles de prière. Par contre, le premier groupe ne s'acquitte du second cycle de prière qu'une fois que son homologue est parti prendre sa relève. Pour preuve, ce que rapporte Ibn Mas'ûd : " Puis il prononça le salut et le second groupe se leva, effectua seul un cycle de prière et fit le salut. "
3- L'imâm effectue avec chaque groupe deux cycles de prière. De ses quatre cycles de prière de l'imâm, les deux premiers seront obligatoire, les deux autres surérogatoires. On sait qu'un orant livré à une surérogation peut suivre un imâm s'acquittant d'une obligation. jâbir rapporte que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a procédé de cette manière, effectuant avec chaque groupe deux cycles de prière, puis prononçant le salut final. Ce hadîth est rapporté par Ash-Shâfi'î et An-Nasâ'î. Dans une version proposée par Ahmad, Abû Dâwûd et An-Nasâ'î, le même Jâbir dit : " Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) présida la prière de la peur : il fit deux cycles de prière avec un premier groupe de Compagnons et prononça le salut. Ce groupe se retira pour laisser place à un deuxieme groupe. Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) refit la même chose. Ainsi, le Prophète fit quatre cycles de prière, alors que les orants n'en firent que deux. " Dans la version proposée par Ahmad, Al-Bukhârî et Muslim - citant toujours Jâbir -, on lit : " Nous étions avec le Prophète (صلى الله عليه وسلم) à Dhât Ar-Riqâ' quand fut annoncée la prière. Il fit deux cycles de prière avec un premier groupe, lequel se retira ensuite pour laisser place à un deuxième groupe. le Prophète (صلى الله عليه وسلم) refit la même chose. Ainsi, le Prophète fit quatre cycles de prière, alors que les orants en firent deux. "
4- L'ennemi se trouve dans la direction de la qibla. l'imâm célèbre la prière en dirigeant les deux groupes de combattants, l'un et l'autre étant chargés de la surveillance. Ils le suivent dans tous les actes canoniques de la prière, excepté le prosternement : ici, un groupe se prosterne tandis que l'autre attend qu'il se relève pour se prosterner à son tour. Une fois le premier cycel de prière achevé, le premier groupe recule pour céder sa place au second, qui s'avance. jâbir rapporte : " J'ai assisté une fois à la prière de la peur en compagnie du Prophète (صلى الله عليه وسلم). Il nous disposa en deux rangs alilgnés derrière lui, alors que l'ennemi se trouvait entre nous et la qibla. Le Proophète prononça le takbîr et nous fîmes de même ; puis il s'inclina, et nous fîmes de même ; puis il se releva et nous de même. Lorsqu'il se baissa et se prosterna, le rang situé juste derrière lui en fit autant, alors que le rang suivant se mit face à l'ennemi. Quand le Prophète (صلى الله عليه وسلم) eut achevé sa prosternation, ce second rag se prosterna à son tour et se releva. Après quoi le premier groupe se mit en arrière et le second s'avança. Le Prophète s'inclina alors, suivi de l'ensemble des orants. Il en fut ainsi lorsqu'il releva la tête. mais quand il se prosterna, ce fut cette fois le second groupe qui le suivit, le premier s'étant mis vis-à-vis de l'ennemi. Quand le Prophète (صلى الله عليه وسلم) eut achevé sa prosternation, ce fut ce permier rang qui se prosterna à son tour. Le Prophète prononça enfin le salut final, suivi de tous les combattants. " Ce hadîth est rapporté par Ahmad, Muslim, An-Nasâ'î, Ibn Mâja et Al-Bayhaqî.
5- Les deux groupes participent ensemble à la prière présidée par l'imâm. Puis l'un d'entre eux se met face à l'ennemi, pendant que l'autre fait un cycle de prière avant d'aller à la rencontre de l'ennemi. le premier vient faire seul un cycle de prière tandis que l'imâm se tient debout ; puis il fait avec eux le second cycle de prière. Le second groupe - qui était face à l'ennemi - vient en faire autant, pendant que l'imâm et le premier groupe se tiennent assis. Enfin, l'imâm fait le salut final, suivi de l'ensemble des orants. Abû Hurayra rapporte : " J'ai fait la prière de la peur avec le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) lors de la bataille de Najd : il entama la prière de l'après-midi, suivi d'un groupe d'orants pendant qu'un second groupe, le dos tourné à la qibla, se tenait face à l'ennemi. Le Prophète prononça le takbîr et tout le monde (les deux groupes) en fit autant ; il fit alors un cycle de prière avec le premier groupe, puis se prosterna, suivi de celui-ci. Lorsqu'il se releva, ce groupe alla se dresser face à l'ennemi tandis que le second vint, s'inclina et se prosterna. Entre-temps, le Messager de Dieu se tenait debout. Quand le second groupe se fut relevé, le Prophète fit un autre cycle de prière et une autre prosternation, imité chaque fois par ce second groupe. Vit ensuite l'autre groupe - qui était face à l'ennemi -, qui s'inclina et se prosterna seul, tandis que le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) et les orants présents avec lui se tenaient assis. Puis ce fut le moment du salut final, que le Prophète prononça, ainsi que l'ensemble des fidèles. Ainsi, le Prophète et chacun des deux groupes effectuèrent deux cycles de prière. Ce hadîth est rapporté par Ahmad, Abû Dâwûd et An-nasâ'î.
6- Chacun des deux groupes se contente d'effectuer un cycle de prière avec l'imâm. Celui-ci aura de la sorte accompli deux cycles de prière là où les deux groupes en auront fait un chacun. Ibn 'Abbâs - que Dieu l'agrée - rapporte que le Prophète (صلى الله عليه وسلم), lors d'une prière faite à Dhû Qird, disposa les orants en deux rangs, l'un derrière lui, l'autre face à l'ennemi. Il effectua un cycle de prière avec le premier rang, lequel se retira aussitôt pour prendre la place du second ; celui-ci vint alors et fit un seul cycle de prière avec le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم). Ce hadîth est rapporté par An-Nasâ'î et Ibn Hibbân, qui l'a jugé authentique. On rapporte, citant également Ibn 'Abbâs : " Dieu a recommandé à votre Prophète (صلى الله عليه وسلم) de faire la prière en effectuant quatre cycles de prière en situation de résidence, deux en cas de voyage et une seule en situation de peur " Ce hadîth est rapporté par Ahmad, Muslim, Abû Dâwûd et An-Nasâ'î.
Tha'laba Ibn Zahdam rapporte : " Nous étions en compagnie de Sa'îd Ibn Al-âs à Tabaristân. - Lesquels d'entre vous ont fait la prière de la peur avec le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) ? nous demanda-t-il. - Moi, dit Hudhayfa, il fit un cycle de prière avec les uns et un autre cycle avec les autres. Et les deux groupes ne rattrapèrent pas le cycle de prière restant. " Ce propos est rapporté par Abû Dâwûd et An-Nasâ'î.
La prière du coucher du soleil ne peut être raccourcie. Or, parmi les hadîth rapportés qui ont trait à la prière de la peur, aucun n'aborde la question de la prière du coucher du soleil et son mode de réalisation. De là, la divergence qui sépare les doctes : pour les hanafites et les mâlikites, l'imâm doit effectuer deux cycles de prière avec le premier groupe, et un seul avec le second. Ash-Shâfi'î et Ahmad, eux, considèrent que l'imâm a latitude de faire un cycle de prière avec le premier groupe, et deux avec le second. On rapporte à cet égard que 'Alî - que Dieu honore sa face - a procédé de cette manière.
Si la situation devietn critique, que la peur est intense et que la bataille fait rage, chacun effectuera la prière selon sa capacité et sa disposition : il le fera à pied ou sur sa monture, tourné vers la qibla ou non ; il fera des signes en guise d'inclinaison et de prosternement, en veillant à se baisser davantage dans ce dernier acte. Il sera dispensé des actes canoniques dont il ne peut s'acquitter. Ibn 'umar rapporte que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) décrivit en ces termes la prière de la peur : " En cas de peur intense, faitse la prière à pied ou sur vos montures. "
De ce hadîth, Al-Bukhârî présente la version suivante : " En cas de peur intense, priez debout, à pied ou sur vos montures, tournés ou non vers la qibla. "
Selon la version de Muslim, Ibn 'Umar a dit : " En cas de grande peur, prie sur ta monture ou à pied en faisant des signes. "
Celui qui poursuit un ennemi et craint de le manquer peut prier en faisant des signes, quand bien même il marcherait dans une direction autre que la qibla. Il en va de même pour la perseonne poursuivie, ainsi que pour quiconque se voit empêché par l'ennemi d'effectuer les inclinaisons et les prosternations de la prière, ou craint pour sa personne, sa famille ou ses biens face au péril d'un ennemi, d'un voleur ou d'un prédateur. celui-là accomplira la prière par le biais de signes, en s'en tenant à la direction dans laquelle il se trouve.
Al-'Irâqî constate : " Pareille prière est permise dans le cas d'une fuite légitime, parce que inévitable, motivée par la menace d'un torrent, d'un incendie. Il en va autant pour la personne endettée, qui, insolvable, se voit inapte à justifier de son incapacité. Elle craint donc d'encourir l'emprisonnement au cas où son créancier apparaîrait et n'admettrait point ses justifications.
C'est le cas aussi pour celui qui, sanctionné par une punition, prétend en être absous si, par son absence, il parvenait à apaiser la colère qu'il aura provoquée par son délit. "
'Abdallâh Ibn Unays rapporte : " Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) m'envoya chercher Khâlid Ibn Sufyân Al-Hudhalî, qui se trouvait dans les environs du mont 'Arafât. " Va et tue-le ", m'enjoignit le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم). Sitôt dit, sitôt fait. Or, j'aperçus cet individu au moment précis où la prière de l'après-midi arrivait. " Je crains, me dis-je, qu'il se passe entre lui et moi des choses propres à retarder la prière. " Je me mis à marcher vers lui tout en priant par des signes. Il me demanda lorsque je l'abordai : " Qui es-tu ? - Un Arabe. J'ai appris que tu mobilisais des combattants pour livrer bataille à cet homme (entendre : au Prophète). Je suis venu pour cela. - C'est ce que je fais, en effet, répondit-il. Je marchai, une heure durant, à coté de cet homme. Puis lui assénai un coup d'épée qui le mit hors d'état de nuire. " Ce hadîth est rapporté par Ahmad et Abû Dâwûd ; Al-Hâfidh juge bonne sa chaîne de transmetteurs.
La prière du voyageur est régie par les règles suivantes :
a- Le raccourcissement de la prière quaternaire. Dieu le Très-Haut a dit : {Et quand vous vous lancez de par le monde, on ne vous fera pas grief de raccourcir l'Office si vous craignez que les mécréants vous mettent à l'épreuve}. Il est à signaler que la restriction relative à la situation de crainte n'est pas de rigueur. Ya'lâ Ibn Umayya rapporte : " J'ai dit à 'Umar Ibn Al-Khattâb : " Tu as vu comment les gens tendent à raccourcir la prière alors que le Très-Haut, le Très Exalté a dit : {si vous craignez que les mécréants vous mettent à l'épreuve}. Or, ce jour-là est révolu. - C'est une chose, répondit 'Umar, que j'ai moi-même trouvée étrange. Aussi en ai-je parlé au Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم), qui m'a dit : " C'est une aumône que Dieu vous offre. Acceptez-la donc. " Ce hadîth est rapporté par Al-Bukhârî, Muslim, Abû Dâwûd, At-Tirmidhî, An-Nasâ'î, Ibn Mâja et Ahmad. Ibn Jarîr rapporte, citant Abû Munîb Al-jarashî : " On récita devant Ibn 'Umar le verset : {Et quand vous vous lancez de par le monde...}, puis on lui dit : " Nous sommes aujourd'hui en paix, à l'abri de toute appréhension ; pouvons-nous toujours raccourcir la prière ? - Vous avez, répondit Ibn 'Umar, en la personne du Prophète un exemple édifiant. " 'Â'isha rapporte : " Les prières avaient été prescrites à raison de deux cycles chacune, et ce, à La Mecque. Lorsque le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) s'installa à Médine, il ajouta à chaque prière deux autres cycles sauf celle du maghrib (coucher du soleil) qui était une prière impaire composée de trois cycles et celle de l'aube où il récitait de longues sourates. Et lorsqu'il voyageait, il ne faisait que la prière originelle, soit celle prescrite à La Mecque. " Ibn Al-Qayyim commente : " Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) réduisait à deux cycles la prière quaternaire dès qu'il partait en voyage et jusqu'au moment où il regagnait Médine. Il n'a point été constaté qu'il ait accompli en entier cette prière quaternaire. C'est là une tradition qui est rapporté par Al-Bukhârî, Muslim, Abû Dâwûd, At-Tirmidhî, An-Nasâ'î, Ibn Mâja et Ahmad. Ces derniers ont toutefois divergé sur le statut de cette réduction de la prière : là où 'Amr, 'Alî, Ibn Mas'ûd, Ibn 'Abbâs, Ibn 'Umar et Jabîr la considèrent obligatoire, à l'image des hanafites, les mâlikites la conçoivent comme étant une sunna fortement recommandée, davantage que la prière en commun. Si le voyageur ne trouve pas un autre voyageur qui lui fasse office d'imâm, il fera seul la prière raccourcie. Il lui est déconseillé de suivre un résident dans la prière. Les hanbalites, quant à eux, jugent le raccourcissement loisible et meilleur que l'achèvement de la prière. C'est également l'opinion des shâfi'ites qui stipulent qu'une certaine distance doit être atteinte pour pouvoir réduire la prière.
Il ressort du verset coranique susmentionné que tout voyage, qu'il soit court ou long, constitue un motif pour lequel on peut réduire la prière et la regrouper, de la même manière que l'on peut rompre le jeûne pendant le Ramadan. A cette règle générale, on ne trouve point de restriction dans la Sunna. Ibn Al-Mundhir, entre autres traditionnistes, a rapporté une vingtaine de propos se rapportant à cette question, dont voici les énoncés les plus authentiques :
Ahmad, Muslim, Abû Dâwûd et Al-Bayhaqî rapportent, citant Yahyâ Ibn Yazîd : " J'ai interrogé Anas Ibn Mâlik sur la réduction de la prière. Il me répondit : " Lorsque le Prophète (صلى الله عليه وسلم) avait parcouru une distance de trois miles ou de trois farsakh, il faisait deux cycles dans sa prière (quaternaire). Dans son ouvrage " Al-Fath ", Al-Hâfidh Ibn Hajar commente : " Il s'agit là du hadîth la plus authentique et le plus explicite sur cette question. "
L'équivoque entre les miles et les farsakh se trouve levée par ce que rapporte Abû Sa'îd Al-Khudrî : " Dans ses voyages, le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) raccourcissait la prière s'il traversait un farsakh. Ce hadîth est rapporté par Sa'îd Ibn Mansûr, cité par Al-Hâfidh dans le " Talkhîs", qui l'a attesté en se passant de tout commentaire à son sujet. Or on sait qu'un farsakh équivaut à trois miles. Ainsi le hadîth d'Abû Sa'îd vient-il lever la confusion que présente le hadîth d'Anas. Il montre en effet que la distance minimale à laquelle le Prophète (صلى الله عليه وسلم) raccourcissait la prière est de trois miles sachant qu'un farsakh équivaut à 5541 mètres et un mile à 1748. Or, à en juger par les propos rapportés, la distance requise pour le raccourcissement des prières est d'un mile au minimum. Ce hadîth a été rapporté par Ibn Abî Shayba, qui cite Ibn 'Umar, par le biais d'une chaîne authentique. Ibn Hazm souscrit à cela et justifie le nom raccourcissement des prières en deçà du mile, alléguant que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) sortit bien des fois en direction du Baqî' pour des enterrements sans pour autant raccourcir les prières. Il en fut autant lorsqu'il sortit dans la nature pour faire ses besoins.
Quant aux affirmations des doctes posant comme condition la longueur du voyage, qui doit comporter un minimum de deux étapes selon certains, de trois selon d'autres, nous nous contenterons d'y répondre en nous référant à l'imâm Abû Al-Qâsim Al-Khiraqî. On lit dans son "Mughnî" : " Je trouve dépourvue de preuves l'option adoptée par ces érudits. C'est que les assertions des Compagnons sont divergentes, antagonistes. Étant donné leur différence, elles ne sauraient avoir de force probante. On rapporte, citant Ibn 'Umar et Ibn 'Abbâs, des faits sans rapport avec les arguments avancés par ces doctes. Au reste, quand bien même il n'en serait pas ainsi, la prise de position de ces derniers et loin d'être concluante en regard des paroles et des actes du Prophète (صلى الله عليه وسلم). leur thèse non établie, il serait exclu qu'on se réfère aux estimations qu'ils ont proposées. Et ce à deux égards : d'abord parce qu'elles contrastent avec la tradition prophétique précitée, autant qu'avec le sens explicite du Coran, lequel énonce que le raccourcissement des prières est autorisé à quiconque se lance de par le monde, à en juger par la parole de Dieu le Très-Haut : {Lorsque vous vous lancez de par le monde}.
Sachant que la condition de la peur a été annulée en vertu de la tradition citée plus haut (attribuée à Ya'là Ibn Umayya), il s'avère désormais que la signification explicite de ce verset englobe tout déplacement.
A cet égard, l'affirmation du Prophète (صلى الله عليه وسلم) : " Le voyageur fait l'ablution pulvérale durant trois jours ", laquelle est destinée à mettre en lumière la durée préconisée pour ce genre d'ablution, ne saurait être invoquée ici comme argument. D'autant qu'on peut traverser une petite distance en trois jours. Ce fait, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) lui a assigné le nom de voyage, et ce lorsqu'il a dit : " A une femme qui croit en Dieu et au jour du Jugement dernier, il n'est pas permis de voyager seule durant un jour, à moins qu'elle ne soit accompagnée d'un proche parent (interdit au degré prohibé). "
Le deuxième aspect est que pareille estimation relève par définition d'une injonction péremptoire et incontestable. Partant, elle ne saurait être le fruit d'une simple opinion, a fortiori si cette dernière ne se fonde sur aucune source reconnue, ni sur un cas analogue qui lui serve de parangon. Or, la preuve concluante, on la trouve bel et bien chez ceux qui ont autorisé le raccourcissement des prières à tout voyageur ; à moins que ne se réalise un consensus venant préconiser le contraire.
Cela s'applique aussi bien au voyage par avion, par train qu'au voyage ayant un but licite. Pour ce qui est des personnes dont la profession suppose des déplacements continus (marins, muletiers, chameliers...), il leur est autorisé de raccourcir la prière, ainsi que de rompre le jeûne (pendant le Ramadan), car ils sont considérés comme étant des voyageurs.
La majorité des docteurs estiment que le raccourcissement de la prière est permis dès que le voyageur quitte la ville ou la localité où il réside : c'est là une condition essentielle. De retour, il peut toujours réduire ses prières jusqu'à ce qu'il arrivent aux premières maisons de sa localité. Ibn Al-Mundhir affirme : " Que je sache, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) n'a raccourci (la prière) dans ses voyages qu'une fois sorti de Médine. "
Anas rapporte : " J'ai fait la prière de midi en compagnie du Prophète (صلى الله عليه وسلم) ; il effectua quatre cycles de prière à Médine, et deux à Dhû Al-Hulayfa. "
Certains prédécesseurs vont plus loin encore : d'après eux, celui qui conçoit l'intention d'entreprendre un voyage a loisir de raccourcir sa prière, même à partir de chez lui.
Aussi longtemps qu'il est en voyage, le fidèle pourra raccourcir la prière. S'il réside quelque part pour un certain temps afin de faire quelque besogne, il raccourcira également la prière, car étant considéré comme un voyageur, dût-il rester des années dans un même lieu. S'il conçoit l'intention d'y résider pour une durée déterminée, ce séjour, qu'il soit court ou long, est tenu, estime Ibn Al-Qayyim, pour une composante inhérente au statut du voyage, tant que ce voyageur ne s'installe pas définitivement dans la localité en question.
Nombreuses sont les opinions affichées par les docteurs de la Loi sur cette question. Ibn Al-Qayyim les a résumées avant de proposer sa propre thèse : " Le Prophète (صلى الله عليه وسلم), affirme-t-il, ayant séjournée pendant vingt jours à Tabûk, a raccourci ses prières sans dire à la Communauté que le fidèle ne doit pas raccourcir au cas où il séjournerait pendant une durée plus longue. Or, il se trouve que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) est demeuré là-bs durant cette période. "
En cas de voyage, un tel séjour, qu'il soit court ou long, n'en relève pas moins du statut du voyage, à condition que l'individu ne soit pas dèfinitivement installé dans ce lieu ou ait l'intention de le faire.
Prédécesseurs (salaf) et Successeurs (khalaf) ont avancé à ce propos des opinions fort divergentes. on lit dans le " Sahîh " d'Al-Bukhârî : Ibn 'Abbâs rapporte : " Dans l'un de ses voyages, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) séjourna dans un lileu dix-neuf jours, durant lesquels il effectua deux cycles de prière (au lieu de quatre). Nous aussi, nous en faisons autant quand nous séjournons quelque part dix-neuf jours. Si la période est plus longue, nous complétons la prière ".
Les propos d'Ahmad semblent indiquer qu'Ibn 'Abbâs faisait allusion au séjour du Prophète (صلى الله عليه وسلم) à l'époque de la conquête de La Mecque, lorsqu'il a dit : " Le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) est resté dix-huit jours à La Mecque lors de sa conquête. Il voulait se rendre à Huneyn et n'avait donc pas l'intention de résider à La Mecque. " C'est de ce séjour qu'il s'agit dans le récit d'Ibn 'Abbâs. D'autres considèrent que celui-ci parlait de son séjour à Tabûk. A ce titre, Jâbir Ibn 'Abdallâh rapporte : " Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) est demeuré vingt jours à Tabûk pendant lesquels il raccourcit la prière. " Ce propos est rapporté par l'imâm Ahmad dans son " Musnad ".
Al-Miswar Ibn Makhrama rapporte : " Nous sommes restés quarante nuits dans certains villages de Syrie en compagnie de Sa'd. Celui-ci raccourcissait la prière alors que nous la complétions. "
Nâfi' rapporte : " Durant les six mois où il résida en Azerbaïdjân, Ibn 'Umar fit la prière en deux cycles. La neige l'avait empêché de rentrer. "
Hafs Ibn 'Ubaydallâh rapporte : " Anas ibn Mâlik demeura deux ans en Syrie, pendant lesquels il effectuait la prière du voyageur. "
Anas rapporte : " Durant les sept mois où il résidèrent à Râm Hurmuz, les Compagnons du Prophète (صلى الله عليه وسلم) raccourcirent leurs prières. "
Al-Hasan rapporte : " J'ai séjourné deux années à Kabûl, en compagnie de 'Abd Ar-Rahmân Ibn Samura, lequel raccourcissait la prière, mais ne la regroupait point. "
Ibrâhîm rapporte qu'il arrivait aux Compagnons du Prophète (صلى الله عليه وسلم) d'effectuer des séjours d'un an et plus à Rayy, de deux ans à Sijjistân ; or, ils veillaient toujours à procéder de cette manière.
Telle est donc la tradition du Prophète (صلى الله عليه وسلم) et de ses Compagnons. tel est l'usage le plus judicieux.
Concernant les opinions des gens, l'imâm Ahmad affirme : " Si le voyageur décide de résider quatre jours quelques part, il complétera ses prières. S'il opte pour une durée inférieure, il les raccourcira. "
Ce disant, il invoque le fait que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) et ses Compagnons n'avaient point l'intention de séjourner là où ils l'ont fait. ils se disaient chaque fois qu'ils partiraient le lendemain. or, c'est là un point de vue sujet à caution. Car le Prophète (صلى الله عليه وسلم) conquit La Mecque étant ce qu'elle était : il devait y rester pour jeter les bases de l'islam, saper les fondements du polythéisme, ainsi que pour mettre de l'ordre dans la situation des Arabes alentour. Autant dire qu'une entreprise d'une telle ampleur ne saurait être menée à bien en un jour ou deux. Il en va de même de son séjour à Tabûk : il fallait attendre l'ennemi pour mener des négociations. Ces dernières s'annoncèrent - on ne le sait que trop - lentes, ardues, et réclamèrent plus de quatre jours avant qu'un accord fût conclu. Ibn 'Umar, qui demeura six mois à raccourcir la prière en Azerbaïdjân, ne pouvait faire autrement en raison de la neige. or, il va de soi qu'on ne saurait s'attendre à voir une neige amoncelée fondre en quatre jours et s'ouvrir de nouveau chemins et sentiers. Il en va de même du séjour de deux ans effectué par Anas en Syrie, de celui de sept mois effectué par les Compagnons à Râm Hurmuz.De toute évidence, un tel combat, un tel siège ne pouvait prendre fin en quatre jours.
les partisans d'Ahmad affirment : " Si l'on réside quelque part pour affronter un ennemi, pour venir à bout d'un prince ou à cause d'une maladie, on raccourcira la prière, quelque soit la longueur de la durée estimée nécessaire pour la guérison ou pour l'accomplissement de l'entreprise en question. " C'est là un point de vue judicieux.
ils ont cependant stipulé une condition dont on ne trouve trace ni dans le Coran ni dans la Sunna ni dans le consensus des doctes ni dans les actes des Compagnons : c'est que l'affaire en question doit être réalisées en moins de quatre jours, durée qui n'annule pas le statut du voyage.
On peut se demander à quoi bon cette condition alors que le Prophète (صلى الله عليه وسلم), ayant séjourné plus de quatre jours à La Mecque et à tabûk, et ayant raccourci de ce fait la prière, ne fit nulle recommandation à ses Compagnons et ne leur montra point qu'il n'avait pas décidé de séjourner plus de quatre jours, car il les savait toujours prêts à suivre son exemple en fait de prière, à la raccourcir durant la période de son séjour. Il ne leur ordonna point de ne pas raccourcir la prière au-delà de quatre nuits. C'est là un point fondamental à souligner. De même, ses Compagnons, lui emboîtant le pas, évitèrent de faire une telle injonction aux orants qui priaient avec eux.
Mâlik et Ash-Shâfi'î déclarent : " Si le voyageur conçoit l'intention de séjourner quelques part plus de quatre jours, il achèvera la prière; Autrement, il la raccourcira. "
Abû Hanîfa - que Dieu l'agrée - affirme : " Si le voyageur conçoit l'intention de séjourner quelque part durant quinze jours, il achèvera la prière : moins de quinze jours, il la raccourcira. " A cette opinion adhère Al-Layth Ibn Sa'd ; on rapporte qu'elle fut également adoptée par trois Compagnons : 'Umar, son fils et Ibn 'Abbâs.
Sa'îd Ibn Al-Mussayyab déclare : " Si tu séjournes quatre (jours), fais une prière de quatre (cycles). " On attribue également à Sa'îd l'opinion affichée par Abû Hanifa - que Dieu l'ait en Sa miséricorde.
'Ali Ibn Abî Tâlib (que Dieu l'agrée) a dit : " S'il séjourne dix (jours) quelque part, qu'il achève la prière. " Ce propos est rapporté par Ibn 'Abbâs.
Al-Hasan affirme : " Le voyageur raccourcira tant qu'il n'aura pas atteint quelque localité. "
'Â'isha a dit qu'il procédera ainsi aussi longtemps qu'il n'aura pas déposé ses bagages.
Les quatre imâms (que Dieu les agrée) s'accordent à estimer que le voyageur raccourcira la prière s'il séjourne quelque part afin d'accomplir un travail ou rêgler une affaire et qu'il s'attend à partir à tout instant. Seul Ash-Shâfi'î se démarque de cette opinion dans l'un de ses deux jugements : d'après lui, le voyageur ne raccourcira point au-delà de dix-sept ou dix-huit jours.
Enfin ; Ibn Al-Mundhir affirme dans son ouvrage " Al-Ishrâf " ; " Les docteurs s'accordent à dire que le voyageur peut raccourcir la prière aussi longtemps qu'il n'aura pas décidé de s'installer,dût-il passer des années dans cette situation. "
Selon la majorité des docteurs, la surérogation, toutes prières et toutes sunan confondues, n'est pas déconseillée pour le voyageur qui raccourcit la prière.
Al-Bukhârî et Muslim rapportent, en effet, que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) se lava dans la maison d'Umm Hâni', le jour de la conquète de La Mecque, et effectua huit cycles de prière surérogatoires.
Ibn 'Umar rapporte que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) effectuait la prière sur sa monture en faisant des signes de la tête.
Al-Hasan rapporte : " Lors de leurs voyages, les Compagnons du Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) acomplissaient des surérogations avant et après la prière obligatoire. "
Ibn 'Umar estime, ainsi que d'autres Compagnons, qu'il n'est pas permis de faire la surérogation conjointement avec la prière obligatoire (raccourcie), ni avant ne après elle, exception faite du milieu de la nuit. Ayant vu des gens faire de telles surérogations après la prière prescrite, il leur déclara : " Si j'avais à faire des surérogations, j'aurais plutôt opté pour compléter ma prière (obligatoire). Ô mon neveu, j'ai accompagné le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) jusqu'au moment de son décès, il n'a jamais fait plus de deux cycles de prière ; j'ai accompagné Abû Bakr : il n'a jamais fait plus de deux cycles de prière ; de même pour 'Umar et 'Uthmân. Dieu le Très-Haut a dit : {Vous avez dans le Messager de Dieu un bon exemple à suivre}. " Ce propos est rapporté par Al-Bukhârî.
Ibn Qudâma concilie les propos d'Al-Hasan et ceux d'Ibn 'Umar : " Le hadîth du premier, précise-t-il, montre qu'il est acceptable d'effectuer cette surérogation ; celui du second, qu'il est acceptable d'y renoncer. "
Il est permis de voyager le vendredi, mais hors du temps de la prière du Vendredi. Ayant entendu un homme dire : " N'était aujourd'hui un vendredi, je serais parti en voyage ", 'Umar lui répliqua : " vas-y, le vendredi ne t'empêche point de voyager. " Abû 'Ubayda partit en voyage un vendredi sans attendre que soit célébrée la prière. Az-Zuhrî ayant voulu voyager un vendredi matin, on lui reprocha cette décision. " Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a bel et bien voyagé le vendredi ", rétorqua-t-il.
Il est permis à l'orant de regrouper, en les avançant ou en les retardant, les prières de midi et de l'après-midi, ainsi que celles du coucher du soleil et de la nuit, et ce dans l'un des cas suivants :
a- A 'Arafa et à Muzdalifa
les doctes sont unanimes à considérer qu'à Arafa, on doit effectuer ensemble, en les avançant dans le temps de la primière prière, l'office de midi et celui de l'après-midi ; et qu'à Muzdalifa, on doit regrouper, en les retardant dans le temps de la deuxième prière, l'office du coucher du soleil et celui de la nuit. C'est suivre la tradition prophétique que de procéder ainsi.
b- Lors d'un voyage
De l'avis de la plupart des érudits, il est permis, en cas de voyage, d'accomplir ensemble deux prières au moment fixé pour l'une d'entre elles, que le voyageur soit en route ou réside quelque part. Mu'âdh Ibn Jabal rapporte que lors de la bataille de tabûk, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) regroupait les prières de midi et de l'après-midi en les avançant quand le soleil s'inclinait (par rapport à la méridienne), et avant qu'il ne prenne le chemin. Quand il se mettait en route avant que le soleil ne s'incline, il retardait la prière de midi pour l'effectuer conjointement avec celle de l'après-midi. Il en était de même pour la prière du coucher du soleil : lorsque le soleil disparaissait avant le départ, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) regroupait, en les avançant, les prières du coucher du soleil et celle de la nuit. Autrement, il retardait la prière du coucher du soleil pour l'effectuer conjointement avec celle de la nuit. Ce hadîth est rapporté par Abû Dâwûd et At-Tirmidhî ; celui-ci le juge bon. On rapporte que Kurayb Ibn 'Abbâs dit à des gens : " Voulez-vous savoir comment était la prière du Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) lorsqu'il voyageait ? - Certes, dirent-ils. - Eh bien ! reprit-il, lorsque le soleil s'inclinait et que le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) se trouvait encore chez lui, il s'acquittait de la prière de midi et de celle de l'après-midi avant d'enfourcher sa monture. Autrement, il se mettait en route, puis, une foi venu la prière de l'après-midi, il faisait halte et regroupait les deux prières ensemble. D'autres part, si la prière du coucher du soleil le trouvait encore chez lui, il l'effectuait simultanément avec celle de la nuit. Sinon, c'était plus tard, au moment fixé pour la prière nocturne, qu'il s'arrêtait et accomplissait les deux prières ensemble. " Ce hadîth est rapporté par Ahmad et Ash-Shâfi'î dans son " Musnad ". Ash-Shâfi'î précise : " Lorsqu'il faisait du chemin avant que le soleil ne s'inclinât, il retardait la prière de midi pour l'effectuer avec celle de l'après-midi au moment fixé pour celle-ci. " Ce hadîth est rapporté par Al-Bayhaqî, assorti d'une chaîne excellente. Al-Bayhaqî affirme : " Le fait de regrouper deux prières pour cause de voyage est un usage reconnu et notoire parmi les Compagnons et les Successeurs.
Dans son " muwatta' ", Mâlik rapporte, citant Mu'âdh Ibn Jabal, que, lors de la bataille de Tabûk, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) retarda un jour la prière puis sortit et effectua conjointement les prières de midi et de l'après-midi. Cela, il le fit alors qu'il était en situation de résidence. " Dans son " mughni, Ibn Qudâma mentionne ce hadîth, puis constate : " Ibn 'Abd Al-Barr le juge authentique et assorti d'une chaîne valide. les auteurs des siyar, ou biographies du Prophète (صلى الله عليه وسلم), précisent que la bataille de Tabûk eut lieu en l'an neuf de l'Hégire. le hadîth précité offre un contre-argument on ne peut plus concluant pour répliquer à ceux qui prétendent que le regroupement de la prière ne s'opère que lorsqu'on est en route. Car le Prophète (صلى الله عليه وسلم) procédait de cette manière alors qu'il se trouvait installé sous sa tente, dont il sortait pour prier et qu'il regagnait ensuite. Ce hadîth, on le retrouve dans le " Sahîh " de Muslim : " Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) accomplissait ensemble les prières de midi et de l'après-midi, ainsi que celles du coucher du soleil et de la nuit. " Il est par conséquent impératif d'observer les enseignements de ce hadîth, d'autant qu'il présente un caractère authentique et véhicule un jugement explicite et incontestable. D'ailleurs, un tel regroupement figure une des licences inhérentes au voyage ; il ne se trouve point ramené à la seule situation du déplacement, comme ce pourrait être le cas pour le raccourcissement ou l'ablution sans eau. Il convient toutefois de signaler qu'il est préférable de retarder les deux prières regroupées. "
L'intention n'est point requise en matière de regroupement et de raccourcissement des prières. Ibn Taymiyya affirme : " C'est l'opinion de la majorité des doctes. Lorsqu'il dirigeait ses Compagnons dans des prières qu'il voulait raccourcir et regrouper, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) n'ordonnait à aucun d'entre eux de formuler l'intention de faire la prière selon ce mode. Il sortit de Médine vers La Mecque et fit deux cycles de prières sans regroupement. Puis il présida la prière de midi à 'Arafa sans prévenir ses Compagnons qu'il allait aussitôt effectuer celle de l'après-midi. Ainsi, firent-ils un regroupement avancé sans en avoir conçu l'intention. Il en fut de même lorsqu'il quitta une autre fois Médine et célébra la prière en deux cycles à Dhû Al-Hulayfa : il ne sougea point à leur ordonner de concevoir l'intention du raccourcissement.
Concernant la succession des deux prières, Ibn taymiyya affirme que l'opinion la plus valide est que ce n'est point une condition à observer, ni au moment de la première ni à celui de la seconde, la Loi religieuse n'ayant point édicté une règle de ce genre. De surcroît, avec une telle condition, la finalité même de la licence en question serait vidée de son sens. Ash-Shâfi'î a dit : " Si l'orant fait chez lui la prière du coucher du soleil avec l'intention de la regrouper avec celle de la nuit, puis se rend à la mosquée et effectue celle-ci, sa prière sera valide. " La même opinion a été attribué à Ahmad.
c- Le regroupement en cas de pluie
Dans ses " Sunan ", Al-Athram rapporte, citant Abû Salam Ibn 'Abd Ar-Rahmân : " En vertu de la Sunna, il convient, si le jour est pluvieux, d'effectuer conjointement les prières du coucher du soleil et de la nuit. "
" Pendant une nuit pluvieuse, rapporte Al-Bukhârî, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) effectua conjointement les prières du coucher du soleil et de la nuit. "
Selon la doctrine shâfi'ite, il est permis au résident de regrouper, mais seulement en les avançant, les prières de midi et de l'après-midi ainsi que celles du coucher du soleil et de la nuit, à condition qu'il pleuve au moment de la takbîra initiale de la première prière, lors de son achèvement autant qu'au début de la seconde.
De l'avis de Mâlik, il est permis de regrouper d'avance, à la mosquée, les prières du coucher du soleil et de la nuit, et ce pour cause de plui, que cette dernière tombe déjà ou soit prévue. il en va de même s'il y a obscurité et que l'on risque de s'empétrer dans la boue, en particulier si la boue est tellement lourde et massive qu'elle empéche d'ordinaire les gens de se déplacer. Dans cette optique mâlikite, il est déconseillé de regrouper, à cause de la pluie, les prières de midi et de l'après-midi.
Pour les hanbalites, il est permis de regrouper les prières du coucher du soleil et de la nuit, mais seulement en les avançant. Pour les retarder ensemble, il faut qu'il y ait des entraves et des intempéries telles que la neige, la glace, la boue, un froid intense, une pluie propre à tremper les habits. Cette licence est exclusive à celui qui se rend à la mosquée éloignée pour faire la prière collective et qui, partant, se voit handicapé par de telles difficultés. Quand à celui qui se trouve à l'intérieur d'une mosquée, qui fait une prière collective dans son foyer, ou bien qui se rend à la mosquée bien couvert, ou encore qui habite tout près, celui-là ne peut jouir de la licence de regroupement.
d- Le regroupement pour cause de maladie ou pour un autre motif
L'imâm Ahmad, les shâfi'ites, le cadi Husayn, Al-Khattâbî et Al-Mutawallî considèrent qu'il est permis de regrouper les prières, en les avançant ou en les retardant, pour cause de maladie, car la gêne que celle-ci provoque est plus pénible que celle provoquée par la pluie. An-Nawawî constate : " Ce motif constitue un argument fort probant. On lit dans le " Mughnî " : " La maladie qui rend légitime le regroupement des prières est celle qui, si chaque prière était accomplie en son temps, entraînerait gêne, épuisement ou affaiblissement. "
Les hanbalites ont élargi ce champ, jugeant légitime le regroupement, avancé ou différé, des prières pour les personnes ayant des excuses plausibles. C'est le cas de la personne en proie à la peur, de la nourrice qui a du mal à se laver chaque fois les habits, de la femme indisposée, de celui qui souffre d'incontinence d'urine, de celui qui ne peut se purifier, ainsi que de celui qui craint pour sa personne ses biens, sa dignité, ou ses moyens de subsistance.
Ibn Taymiyya affirme : " La doctrine qui favorise le plus amplement le regroupement des prières est celle d'Ahmad, qui admet le motif professionnel. Dans ce sens, An-Nasâ'î rapporte, en se référant au Prophète (صلى الله عليه وسلم), que le regroupement est autorisé au cuisinier, au boulanger, entre autres personnes qui encourent des risques financiers.
e- Le groupement motivé par le besoin
An-Nawawî a dit dans sa glose sur Muslim : " Selon un groupe d'imâms, il est permis de regrouper les prières en situation de résidence pour toute personne qui en ressent le besoin et qui en fait une habitude. Cette opinion a été affichée par Ibn Sirin et Eshhab, le Mâlikite. Elle a été rapportée par Al-Khattâbî qui cite Al-Qaffâm et Ash-Shâshî Al-Kabîr, tous deux disciples d'Ash-Shâfi'î ; on l'attribue également à Abù Ishâq Al-Marûzi ainsi qu'à un groupe de traditionnistes. Ibn Al-Mundhir adhère à ce point de vue, qui se trouve étayé par cette assertion d'Ibn 'Abbâs de par sa signification explicite : " Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) n'a pas voulu metre sa Communauté dans la gêne et l'embarras. C'est pourquoi il n'a pas justifié le regroupement des prières par la seule maladie ou par un motif en particulier. "
Le hadîth d'Ibn 'Abbâs auquel fait allusion Muslim est le suivant : " Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) fit ensemble les prières de midi et de l'après-midi, puis celles du coucher du soleil et de la nuit ; cela à Médine, et en l'absence de motifs telles que la peur ou la pluie. "
On demanda à Ibn 'Abbâs : " Quelle était son intention ? - Il ne voulait pas mettre sa Communauté dans la gêne et l'embarras, répondit-il. "
Al-Bukhârî et Muslim rapportent, citant également Ibn 'Abbâs qu'il arriva au Prophète (صلى الله عليه وسلم) de faire à Médine sept et huit cycles de prière, soit : les prières de midi et de l'après-midi, et celles du coucher du soleil et de la nuit.
Muslim rapporte, citant 'Abdallâh Ibn Shaqîq : " Un jour, Ibn 'Abbâs nous fit un sermon après la prière de l'après-midi. il s'étendit tellement que le soleil vint à se coucher et que les étoiles apparurent dans le ciel. Les gens commencérent à dire " A la prière, à la prière ". Un homme des Banu Taym ne cessa de répéter cette expression. Ibn 'Abbâs se tourna vers lui : " Serais-tu en train de m'apprendre la Sunna ? s'exclama-t-il. J'ai vu le Prophète (صلى الله عليه وسلم) regrouper les prières de midi et de l'après-midi, ainsi que celles du coucher et de la nuit. " " Cela resté gravé dans mon âme, poursuit Ibn Shaqîq. Je suis donc allé trouvé Abû Hurayra pour en avoir le coeur net. Il confirma le propos d'Ibn 'Abbâs. "
On lit dans le " Mughnî " : " Si l'orant achève les deux prières dans le temps de la première et que le motif du regroupement disparaît avant échéance de la seconde prière, il n'est point tenu de refaire cette dernière. Car sa prière est valide, suffisante, dûment accomplie ; il en est donc acquitté. De plus, c'est au moment où le motif existait bel et bien qu'il a accompli son obligation. Aussi celle-ci ne saurait-elle être invalidée par la disparition ultérieure du motif en question. Un cas analogue est celui de l'orant qui a fait ses ablutions sans eau et qui ne trouve de l'eau qu'après la prière. "
Il est permis d'accomplir la prière à bord d'un bateau, d'un train et d'un avion. Cette prière, nullement déconseillée, se fera seln les dispositions et les possibilités de l'orant. Ibn 'Umar rapporte : " Ayant été interrogé sur la prière à bord d'un bateau, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) ordonna : " Fais la prière debout, à moins que tu ne craignes de te noyer. "
'Abdallâh Ibn Abî 'Utba rapporte : " Je voyageai sur un bateau en compagnie de Jâbir Ibn 'Abdallâh, Abû Sa'îd Al-Khudrî et Abû Hurayra. Ils firent la prière debout, en commun. l'un d'entre eux servit d'imâm. Ils étaient près de la côte. " Ce propos est rapporté par Sa'îd Ibn Mansûr.
Il est recommandé au voyageur de dire en quittant sa demeure : " Au nom de Dieu. Je m'en remets à Dieu. Il n'y a de force et de puissance qu'en Dieu. Seigneur, je cherche refuge auprès de Toi, puisses-Tu me préserver du risque de m'égarer ou d'être égaré, de me tromper ou d'être trompé, d'être injuste ou de subir l'injustice, de montrer ignorance et déraison ou de les subir de la part d'autrui. "
Il choisira ensuite à loisir une des invocations consacrées par l'usage, dont voici un échantillon :
- 'Alî Ibn Rabî'a rapporte : " On apporta un jour à 'Alî (que Dieu l'agrée) une monture qu'il devait enfourcher. Lorsqu'il mit le pied sur l'éttier, je l'entendis dire : " Au nom de Dieu. " une fois instllé sur le dos de l'animal, il dit : " Louange à Dieu " et récita le verset : {Pureté à Celui qui nous a assujetti cela quand nous n'étions point à même de le dominer ! Oui, et c'est vers notre Seigneur que nous nous tournons} (S. 43, v. 13) Puis il prononça trois fois la louange et le takbir avant de dire : " Gloire à Toi, il n'est d'autre divinité en dehors de Toi. J'ai été injuste envers moi-même ; pardonne-moi donc. Il n'est que Toi qui pardonnes les péchés. " Et il se mit à rire. - Qu'est-ce qui te fait rire, ô Commander des croyants ? lui demandai-je. - J'ai vu, répondit-il, le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) faire ce que je viens de faire et rire. je lui demandai : " Qu'est-ce qui te fait rire, ô Messager de Dieu ? " Il me répondit : " Le Seigneur s'étonne de voir Son serviteur implorer son pardon ; il dit alors : Mon servitaire sait qu'il n'est que Moi qui pardonne les péchés. " Ce hadîth est rapporté par Ahmad, Ibn Hibbân et Al-Hâkim ; celui-ci le juge authentique selon les conditions posées par Muslim.
- Al-Azdi rapporte qu'Ibn 'Umar lui apprit que le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) avait coutume, lorsqu'il s'installait sur sa monture pour partir en voyage, de proclamer le takbir à trois reprises avant de dire : {Pureté à Celui qui nous a assujetti cela quand nous n'étions point à même de le dominer ! Oui, et c'est vers notre Seigneur que nous nous tournons}. " Seigneur, puisses-Tu faire que ce voyage soit imprégné de dévotion et de piété, ainsi qu'une oeuvre que Tu trouve réjouissante. Seigneur, rends aisé notre voyage, et raccourcis-en la distance. Seigneur, Tu es le compagnon de voyage, le Successeur qui protège la famille. Seigneur, je cherche refuge auprés de Toi contre les rigueurs du voyage, les tristesses du retour, le mauvais aspect des miens et des biens (ou la souffrance des miens et les ennuis matériels). " De retour, il réitérait cette invocation et y ajoutait : " Nous revenons repentis, adorant et louant avec ferveur notre Seigneur " Ce hadîth est cité par Ahmad et Muslim.
- Ibn 'Abbâs rapporte lorsqu'il s'apprétait à partir en voyage, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) disait : " Seigneur, Tu es le compagnon de voyage, le Successeur qui prend soin de la famille. Seigneur, je cherche refuge auprés de Toi contre la mauvaise compagnie, contre le chagrin du retour. Seigneur, raccourcis la distance et rend aisé notre voyage. " Lorsqu'il se disposait à rentrer, il disait : " Nous revenons repentis, adorant et louant avec ferveur notre Seigneur. " Et en entrant chez les siens, il disait : " Contrition, contrition. Retour vers notre Seigneur, qui effacera tous nos péchés. "
- 'Abdallâh Ibn Sarjas rapporte que, lorsqu'il s'apprêtait à entreprendre un voyage, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) disait : " Seigneur, je cherche refuge auprès de Toi contre les rigueurs du voyage, contre les tristesses du retour, contre le vice qui succède à la vertu, contre l'imprécation de l'opprimé, ainsi que contre le mauvais aspect des miens et des biens (ou la souffrance des miens et les ennuis matériels). "
- Ibn 'Umar rapporte que le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) disait, lorsqu'il partait en voyage ou pour le combat, et que la nuit tombait : " Ô terre, c'est Dieu, mon Seigneur et le tien. Je cherche refuge auprès de Dieu contre tonmal et contre le mal que tu recèles, les mal de ce qui a été créé et de ce qui traîne sur ta face. je cherche refuge auprès de Dieu contre tout lion, tout serpent et tout scorpion, contre le mal des habitants de la contrée, contre le mal des géniteurs et des progénitures. " Ce hadîth est rapporté par Ahmad et Abû Dâwûd.
- Khawla Al-Sulaymiyya, fille de Hakîm, rapporte que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Celui qui s'installe dans une demeure et dit : " De par les paroles parfaites de Dieu, je cherche refuge contre le mal de ce qu'Il a créé ", celui-là sera prémuni de tout mal jusqu'à ce qu'il quitte ce lieu. " Cette tradition est rapportée par Muslim, At-Tirmidhî, An-Nasâ'î, Ibn Mâja et Ahmad.
- 'Atâ' Ibn Abî Marwân rapporte, citant son père, lequel tient ce propos de Ka'b ; celui-ci lui a juré, par celui qui a fendu la mer devant Moïse, que Suhayb lui a dit : " Dès qu'il apercevait un village où il se disposait à entrer, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) disait : " Seigneur, Maître des sept cieux et de ce qu'ils couvrent ; Maître des sept terres et de ce qu'elles renferment ; Maître des démons et de ceux qu'ils égarent ; Maître des vents et de ce qu'ils dispersent. je Te prie de m'offrir le meilleur de ce village, le meilleur de ses habitant et de ce qu'il renferme et de me protéger contre le mal de ce village, le mal de ses habitants et de ce qu'il renferme. "
- ibn 'Umar rapporte : " Nous accompagnions parfois le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) dans ses voyages. Or, lorqu'il apercevait un village où il voulait se rendre, il disait à trois reprises : " Seigneur, bénis cette terre pour nous " et ajoutait : " Seigneur, pourvois-nous de sa récolte ; fais que nous soyons aimés de ses habitants et que nous aimions les vertueux parmi eux. "
- 'Â'isha rapporte : " En s'approchant d'une localité dans laquelle il voulait entrer, le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) implora Dieu en ces termes : " Seigneur, je Te prie de me prodiguer le bien de cette terre et de ce que Tu y as rassemblé et de me protéger du mal de cette terre et de ce que Tu y as rassemblé. Seigneur, pourvois-nous de sa récolte ; préserve-nous de ses fléaux ; fais que nous soyons aimés de ses habitants et que nous aimions les vertueux parmi eux. " Ce hadîth est rapporté par Ibn As-Sunnî.
- Abû Hurayr rapporte que le Prophète (صلى الله عليه وسلم), lorsqu'il se trouvait en voyage et que la nuit touchait à sa fin, disait : " Un témoin atteste que nous louons Dieu et les bienfaits dont Il nous comble. Seigneur, sois notre compagnon, notre bienfaiteur et notre protecteur contre l'Enfer. " Ce hadîth est rapporté par Muslim.
Il est rapporté que le vendredi est le meilleur jour de la semaine. Abû hurayra - que Dieu l'agrée - rapporte que le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Le meilleur jour où le soleil s'est levé est le vendredi : c'est en ce jour qu'Adam - paix sur lui - fut créé ; c'est en ce jour qu'il fut introduit au Paradis et qu'il en sortit. Et c'est un vendredi qu'aura lieu la résurrection. " Ce hadîth est rapporté par Muslim, Abû Dâwûd, An-Nasâ'î et At-Tirmidhî ; celui-ci l'a authentifié.
Abû Lubâba Al-Badrî - que Dieu l'agrée - rapporte que le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Pour Dieu le Très-Haut, le vendredi est le meilleur et le plus sublime des jours. Ce jour est, pour Dieu, meilleur que les deux fêtes : le fitr et l'adhâ. Il présente cinq caractéristiques : Dieu le Très-Haut y a créé Adam - paix sur lui - ; Dieu le Très-Haut y a fait descendre Adam sur terre ; en ce jour, Dieu le Très-Haut a ôté l'âme d'Adam. En ce jour, il est un moment où le musulman ne saurait demander une chose à Dieu sans que son voeu ne soit exaucé, à moins qu'il ne s'agisse de quelque chose d'illicite. Et c'est en ce jour qu'aura lieu la resurrection. les anges les plus appréciées, le ciel, la terre, les vents, les mers, les montagnes : tout dans l'univers redoute le jour du vendredi. " Ce hadîth ets rapporté par Ahmad et Ibn Mâja : sa chaîne et bonne (hasan) de l'avis d'Al-'Irâqî.
Il convient au fidéle de multiplier les invocations à la dernière heure du vendredi. 'Abdallâh Ibn Salâm - que Dieu l'agrée - rapporte en effet : " J'ai dit devant le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم), lequel était assis prés de moi : " D'après le Livre Sacré, il est une heure précise du vendredi où le serviteur ne saurait demander une chose à Dieu sans que son voeu ne soit exaucé. " - Ou bien une partie d'une heure, précisa le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم). - C'est exact, dis-je. Une partie d'une heure. De quelle heure s'agit-il ? - La dernière des heures du jour, répondit le Prophète. - Ce n'est pas une heure de prière, m'enquis-je. - Si, répliqua-t-il, lorsque le serviteur fait la prière puis se tient assis, il n'est que la prière qui le retient ainsi. il est donc en prière. " Ce hadîth est rapporté par Ibn Mâja.
Abû Sa'îd et Abû Huraura - que Dieu les agrée - rapportent que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Il est une heure précise du vendredi où le musulman ne saurait demander un bien à Dieu le Très-Haut, le Très Exalté, sans que son voeu ne soit exaucé : cette heure est ultérieure à la prière du 'asr (ou la prière de l'après-midi). " Ce hadîth est rapporté par Ahmad et jugé authentique par Al-'Irâqi.
Jâbir - que Dieu l'agrée - rapporte que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Le jour du vendredi comprend douze heures, dont une heure durant laquelle un musulman ne saurait demander quelque chose à Dieu le Très-Haut sans que son voeu ne soit exaucé : cette heure, cherchez-la au dernier moment après la prière du 'asr (ou prière de l'après-midi). Ce hadîth a été rapporté par An-Nasâ'î, Abû Dâwûd et Al-Hâkim. Ce dernier, dans son " Mustadrak ", le juge authentique selon les conditions posées par Muslim. Dans le " fath ", Al-Hâfidh juge bonne la chaîne de ce hadîth.
Abû Salama Ibn 'Abd Ar-Rahmân - que Dieu l'agrée - rapporte qu'un jour, un groupe de Compagnons du Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) se réunit et évoqua cette heure particulière du vendredi. Or, lorsqu'il se séparèrent, ils furent unanimes à considérer qu'il s'agissait de la dernière heure du vendredi. Ce hadîth est rapporté par Sa'îd dans ses " Sunan " et authentifié par Al-hâfidh dans son ouvrage " Al-Fath ".
Ahmad Ibn Hanbal commente : " S'agissant de l'heure où les voeux sont censés être exaucés, la plupart des hadîth la situent après la prière de l'après-midi, ou après la méridienne. "
muslim et Abû Dâwûd rapportent qu'Abû Mâsâ - que Dieu l'agrée - affirme avoir entendu le Prophète (صلى الله عليه وسلم) décrire en ces termes l'heure particulière du vendredi : " Elle se situe entre le moment où l'imâm monte en chaire et celui où la prière prend fin. "