Les prières surérogatoires ont été instituées pour compenser les éventuelles déficiences dans l'accomplissement des prières obligatoires. D'autant que la prière jouit d'un privilège considérable par rapport aux autres actes cultuels. Abû Dâwûd rapporte, d'après Abû Hurayra, Que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Le premier des actes dont les gens devront rendre compte le Jour de la résurection sera la prière. Notre Seigneur dira à Ses anges, Lui qui est Omniscient : " Considérez la prière de Mon serviteur, vérifiez si elle est complète ou incomplète. " Si le serviteur a à son actif des prières surérogatoires, Dieu ordonnera : " Compensez donc ses prières obligatoires manquées par ses prières surérogatoire. Ses autres actions seront jugées de la même manière. "
Selon Abû Umâma, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Parmi toutes les choses que Dieu a permises à Son serviteur, il n'en est aucune qui soit meilleure qu'une prière (surérogatoire) de deux cycles. C'est que la vertu se répand sur la tête du serviteur tant qu'il est en prière. " Ce hadîth est rapporté par Ahmad et At-Tirmidhî ; il est authentifié par As-Suyûtî.
Dans son " Muwatta' ", Mâlik affirme : " On m'a rapporté ce hadîth du Prophète (صلى الله عليه وسلم) : " Veillez à être droits, intègres, et sachez que la prière est ce qu'il y a de meilleur dans vos oeuvres. Il n'est que le croyant qui se maintient dans la pureté de ses ablutions. "
Rabî'a Ibn Mâlik Al-Aslamî a relaté à Muslim le dialogue suivant : " Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) s'adressa à moi en ces termes : " Demande quelque chose. - Je veux t'accompagner au Paradis, répondis-je. - Rien de plus ? - Rien de plus. - Aide-moi contre toi-même en multipliant les prosternations. "
D'après Ahmad et Muslim, citant Jâbir, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Tout en préférant la mosquée pour vos prières, vous prendrez soin de réserver à votre maison une part de ces offices. Car Dieu le Très-Haut fait de cette prière une bénédiction pour votre foyer. "
Ahmad rapporte d'après 'Umar que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " C'est une vraie lumière que la prière surérogatoire effectuée à la maison. Illuminez donc vos demeures. "
Selon 'AbdAllâh Ibn 'Umar, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a déclaré : " Faites une partie de vos prières dans vos demeures. Ne faites pas de vos foyers des tombes. " Ce hadîth est rapporté par Ahmad et Abû Dâwûd.
Citant Zayd Ibn Thâbit, Abû Dâwûd a transmis, d'après une chaîne authentique, ce hadîth : " La prière que l'homme célèbre chez lui est meilleure que celle accomplie dans ma mosquée, exception faite des prières obligatoires. "
Il ressort de ces hadîth qu'il est préférable d'effectuer les prières surérogatoires à la maison plutôt qu'à la mosquée. " Une telle exhortation, souligne An-Nawawî, s'explique par le fait qu'une prière surérogatoire faite à la maison est autrement plus discrète, plus écartée de toute hypocrisie, plus imperméable aux comportements qui annulent les oeuvres pies. De même, ce culte supplémentaire est de nature à envellopper de bénédiction le foyer, à y faire descendre la miséricorde et les anges autant qu'à chasser Satan. "
L'ensemble des doctes, excepté Abû Dâwûd, ont transmis ce propos d'après Al-Mughîra Ibn Shu'ba : " Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) avait coutume de prier debout jusqu'à ce que ses pieds commençassent à enfler. Comment on lui en faisait le reproche, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) répondit : Ne me dois-je pas d'être un serviteur reconnaissant ? "
Pour sa part, citant 'AbdAllah Ibn Habashi Al-Khath'amî, Abû Dâwûd rapporte ce hadîth : " On interrogea le Prophète (صلى الله عليه وسلم) : " Laquelle des oeuvres est la meilleure ? - de longues prières, répondit-il. - Laquelle des charités est la meilleure ? - Celle offerte par un homme dans la gêne. - Lequel des renoncements est le le meilleur ? - Celui qui consiste à renoncer à ce que Dieu a interdit. - Lequel des combats est le meilleur ? - Celui de l'homme qui combat les mécréants en sacrifiant ses biens et sa personne. - Lequel des trépas est le plus honorable ? - Celui de l'homme dont le sang a été versé et dont le cheval a été tué. "
Il est loisible d'accomplir les prières surérogatoires en position assise quand bien même on serait capable de se tenir debout ; il est tout aussi loisible de prier tantôt en se tenant assis, tantôt en restant debout, y compris au cours d'un seul et même cycle de prière ; peu importe si on fait avant ou après l'une ou l'autre de ces postures, toutes ces possibilités étant offertes. On peut s'asseoir comme on veut ; cependant il est préférable de se tenir les jambes croisées.
Muslim rapporte ce propos d'après 'Alqama : " J'ai demandé à 'Â'isha : Comment le Prophète (صلى الله عليه وسلم) s'y prenait pour effectuer ses deux cycles de prière en position assise ? - Il récitait (le Coran), puis lorsqu'il voulait faire son inclinaison, il se levait pour cela. "
Citant également 'Â'isha, Ahmad, Abû Dâwûd, At-Tirmiidhî, An-Nasâ'î et Ibn Mâja rapportent ce propos : " Je n'ai jamais vu le Prophète (صلى الله عليه وسلم) se tenir assis dans ses prières nocturnes, jusqu'à ce qu'il lui restât une trentaine ou une quarantaine de versets, auquel cas il se mettait debout pour les réciter avant de se prosterner. "
On distingue les prières surérogatoires indéfinies (mutlaq) et les prières surérogatoires définies (muqayyad).
S'agissant tout d'abord des prières surérogatoires indéfinies, elles consistent simplement à formuler l'intention de prier, sans plus de précisions. An-Nawawî affirme : " Si l'on s'apprête à accoplir une prière surérogatoire sans se fixer un nombre déterminé de cycles de prière, on a toute latitude de finir cette prière au bout d'un, deux, trois, cent, ou même mille cycles... il est également permis - de l'avis unanime des doctes, et d'après Ash-Shâfi'î dans son ouvrage "Al-Imlâ'" - d'achever une prière surérogatoire (indéfinie) sans savoir le nombre de cycles accomplis.
Al-Bauhaqî rapporte - par le biais de sa propre chaîne de transmetteurs - que Abû Djarr - Dieu l'agrée - s'étant livré à une très longue prière, puis ayant prononcé le salut de clôture, Al-Ahnaf Ibn Qays lui demanda : " Sais-tu si tu as achevé tes cycles de prières en nombre pair ou impaire ? - Si je ne le sais pas, répondit Abû Dharr, Dieu le sait. J'ai entendu mon bien-aimé Abû Al-Qâsim, Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) dire - Et Abû Dharr de fondre en pleurs, puis de reprendre : - J'ai entendu mon cher ami Abû Al-Qâsim, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) dire : " Il n'est pas de serviteur qui fasse une prosternation pour Dieu sans que Dieu le rehausse d'un rang et efface un de ses péchés. "
Quant aux prières surérogatoires définies, elles se subdivisent en prières surérogatoires allant de pair avec les prières obligatoires, et que l'on appelle sunan râtiba, et en prières surérogatoires autres. les sunan râtiba sont celles qui vont de pair avec les prières obligatoires de l'aube, de midi, de l'après-midi, du coucher du soleil et de la nuit. En voici à présent l'explication détaillée :
On dispose de nombreux hadîth mettant en exergue l'importance de l'observance de cette tradition prophètique. En voici quelques exemples :
- Â'isha raconte que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) qualifiait comme suit les deux cycles de prière précédent l'office de l'aube ; " Elles me sont plus chères que la vie entière. " Cette tradition est rapportée par Ahmad, Musilm et At-Tirmidhî.
- D'après Abû Hurayra, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a affirmé : " Ne négligez pas les deux cycles de prière (surérogatoires) de l'aube quand bien même vous seriez poursuivis par l'ennemi. " Ce hadîth est rapporté par Ahmad, Abû Dâwûd, Al-Bayhaqî et At-Tahâwî.
- Selon 'Â'isha, de toutes les prières surérogatoires, celle à laquelle le Prophète (صلى الله عليه وسلم) s'appliquait avec la plus grande sollicitude, c'était la prière précédent l'office (obligatoire) de l'aue. Ce propos est rapporté par les deux cheikhs, Al-Bukhârî et Muslim, ainsi que par Ahmad et Abû Dâwûd.
- D'après 'Â'isha, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Les deux cycles de prière (surérogatoires) de l'aube valent mieux que toutes les richesses du monde ". Ce hadîth est rapporté par Ahmad, Muslim, At6tirmidhî et An-Nasâ'î.
- Ahmad et Muslim ont transmis ce propos de 'Â'isha : " De tous les bienfaits, celui auquel le Prophète (صلى الله عليه وسلم) était le plus prompt à se livrer, c'était celui des deux cycles de prière précédent (l'office obligatoire de) l'aube. "
On sait que l'un des enseignements du Prophète (صلى الله عليه وسلم) consiste à abréger la récitation du Coran lors des deux cycles de prière préalables à l'office de l'aube.
- D'après Hafsa (l'épouse du Prophète) lorsque le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) accomplissait chez elle la prière (surérogatoire) précédant l'office de l'aube, il le faisait de manière rapide. Nâfi' précise que 'Abdallâh (Ibn 'Umar) en faisait autant. Cette tradition est rapportée par Ahmad et les deux cheikhs, Al-Bukhârî et Muslim.
- 'Â'isha raconte : " le Prohète (صلى الله عليه وسلم) allégeait tellement les deux cycles de prière précédent (la prière obligatoire de) l'aube que j'en arrivais à douter s'il avait récité le Prologue (la fâtiha) du Livre Saint. " Cette tradition est rapportée par Ahmad, entre autres traditionnistes.
- elle affirme aussi : " Lors de la prière précédant l'office de l'aube, le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) restait debout un temps aussi bref que celui équivalent à la lecture du Prologue. Ce hadîth est rapporté par Ahmad, An-Nasâ'î, Al-Bayhaqî, Mâlik et At-Tahâwî.
lors des deux cycles de prière antérieus à l'office de l'aube, il est recommandé de réciter les versets que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) avait l'habitude de psalmodier dans ce cas. On rapporte à ce sujet les hadîth suivants :
- Selon 'Â'isha, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) lisait les sourates 109 et 112 : {Dis : " Ô mécréants ! "} ; {Dis : " Lui, Dieu est Unique " }. Il les disait en son for intérieur. Ce propos est rapporté par Ahmad et At-Tahâwî. Il récitait ces sourates après la fâtiha, car, comme il a été signalé supra, il n'est pas de prière sans fâtiha.
- S'agissant de ces mêmes sourates, 'Â'isha rapporte ce hadîth du Prophète (صلى الله عليه وسلم) : " Quelles admirables sourates que celles-là ! Le Prophète les psalmodiait toujours lors des deux cycles de prière antérieurs à l'office de l'aube. " Cette tradition est rapporté par Ahmad et Ibn Mâja.
- Jâbir raconte qu'ayant commencé la prière antérieure à l'office de l'aube, un homme lut dans le premier cycle la sourate : { Dis : " Ô mécréants ! " }. L'ayant remarqué, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) dit : " Voila un homme qui connaît son Seigneur ! ". Lors du second cycle de prière, l'homme récita : {Dis : " Lui, Dieu, est Unique " }. et le Prophète (صلى الله عليه وسلم) de constater : " Voilà un homme qui croit en son Seigneur ". Talha affirma : " Depuis lors, j'aime à psalmodier ces deux sourates lors de ces deux cycles de prière. " Cette tradition est rapportée par Ibn Hibbân et At-Tahâwî.
- D'après Ibn 'Abbâs, le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) récitait lors des deux cycles de prière précédant l'office de l'aube : {Dites : " Nous croyons en Dieu et en ce qu'on nous a fait descendre " } [verset 136 de la sourate La Vache] ; puis le verset 64 de la sourate La Famille de 'Imrân : {Venez-en à un dire qui soit commun entre nous et vous}. Ce hadîth est rapporté par Muslim. Autrement dit, il lisait en premier lieu, après la fâtiha : { Dites : " Nous croyons en Dieu et en ce qu'on nous a fait descendre, et en ce qu'on a fait descendre vers Abraham et Ismael et Isaac et Jacob et les Tribus, et en ce qui a été donné à Moïse et à Jésus et en ce qui a été donné aux prophètes de la part de leur Seigneur : nous ne faisons de différence entre aucun d'eux. Et à Lui nous sommes soumis. } (Sourate La Vache). Lors du second cycle de prière, il récitait : {Dis : O gens du Livre, venez-en à un dire qui soit commun entre nous et vous : que nous n'adorions que Dieu, sans rien lui associer, et que parmi nous nul n'en prenne d'autres pour seigneurs en dehors de Dieu. - Puis s'ils tournent le dos, eh bien, dites : " Soyez témoins que, oui, c'est nous qui sommes les Soumis. "} (Sourate de La Famille de 'Imrân).
- D'après le même Ibn 'Abbâs, cette fois selon la version présentée par Abû Dâwûd, le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) lisait, lors du premier cycle de prière : {Dites : " Nous croyons en Dieu "} ; et dans le second : {Quand Jésus sentit de la mécréance de leur part, il dit : " Qui sont mes secoureurs en Dieu ? - Les apôtres dirent : " Nous sommes les secoureurs de Dieu, Nous croyons en Dieu. Et sois témoin que, certes, nous sommes des Soumis. "} (Sourate 3, verset 52).
- L'orant peut se contenter de la seule fâtiha, à en juger par le hadîth de 'Â'isha selon lequel le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) restait debout un temps aussi bref que celui équivalent à la lecture de la fâtiha.
Dans son ouvrage " Al-Adhkâr ", An-Nawawî affirme : " Nous avons précisé dans l'ouvrage d'Ibn Al-Sunnî, que Abû Al-Malîh - dont le vrai nom est 'Âmir Ibn Usâma - avait rapporté ce propos qu'il tenait de son père : " Alors que je faisais la prière d'avant l'(office obligatoire de l')aube, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) effectua tout près de moi deux brefs cycles de prière. Il s'assit au terme de sa prière et je l'entendis implorer Dieu, à trois reprises, en ces termes : " Seigneur, Seigneur de Gabriel, d'Israël, de Michaël ainsi que du Prophète Muhammad (صلى الله عليه وسلم), je Te prie de me préserver de l'Enfer. "
Nous avons également transmis, d'après Anas, cette tradition du Prophète (صلى الله عليه وسلم) : " Celui qui dira à trois reprises chaque vendredi l'office de l'aube : " J'implore le pardon de Dieu ; il n'est d'autre divinité en dehors de Lui, le Vivant, l'Absolu, et j'exprime mon repentir " - celui-là Dieu pardonnera tous ses péchés, fusent-il aussi nombreux que l'écume de la mer. "
'Â'isha a dit : " Le Prophète (صلى الله عليه وسلم), une fois effectuée la prière surérogatoire de l'aube, se couchait sur le flanc droit. " Ce propos est transmis par Al-Bukhârî, Muslim, Abû Dâwûd, At-Tirmidhî, An-Nasâ'î, Ibn Mâja et Ahmad. On attribue également à 'Â'isha ce propos : " Lorsque le Prophète (صلى الله عليه وسلم) avait achevé la prière surérogatoire de l'aube, il se couchait quand j'étais endormie, mais si j'étais éveillée, il me parlait. "
Ce détail a soulevé force divergence. Le plus probable est que le retour au sommeil est préférable pour l'orant qui accomplit la prière surérogatoire de l'aube chez lui, non à la mosquée. Dans son ouvrage " Al-Fath ", Al-Hâfidh affirme : "Les prédécesseurs l'ont jugé préférable quand la prière surérogatoire est accomplie à la maison, non à la mosquée. On attribue le même avis à Ibn 'Umar. Ce propos est mentionné par Ibn Abî Shayba. "
On s'enquit auprès de l'imam Ahmad sur cette question, lequel répondit : " Je ne le fait pas ; mais qui désire le faire, fera bien. "
D'après Abû Hurayra, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Que celui qui, jusqu'au lever du soleil, n'a pas effectué les deux cycles surérogatoires de l'aube, le fasse. " Ce hadîth est transmis par Al-Bayhaqî ; sa chaîne de transmetteurs est jugée bonne (jayyid) par An-Nawawî.
Qays Ibn 'Umar raconte qu'étant sorti pour la prière (obligatoire) du matin, il trouva le Prophète (صلى الله عليه وسلم) qui s'apprêtait à accomplir cet office. Or Qays, qui n'avait pas encore fait les deux cycles surérogatoire de l'aube, fit la prière du matin avec le Prophète (صلى الله عليه وسلم). Ensuite il se leva pour accomplir les deux cycles surérogatoire de l'aube. Le Messager de Dieu, ayant remarqué cela, lui dit : " Qu'est-ce que c'est que cette prière ? ". Quand Qays l'en informa, il se tut et ne fit aucune remarque.
Ahmad et les deux cheikhs, Al-Bukhârî et Muslim, racontent, citant 'Imrân Ibn Husayn, que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) lors de quelques voyage fut pris par le sommeil, lui et ses Compagnons, manquant ainsi la prière (obligatoire) de l'aube. lorsqu'ils se réveillèrent sous les rayons ardents du soleil, ils se déplacèrent un peu, le temps que le soleil se levât davantage. Puis le Prophète (صلى الله عليه وسلم) ordonna au muezzin d'annoncer la prière. Il fit les deux cycles de prière surérogatoires d'avant l'office de l'aube, puis il effectua l'office de l'aube.
Ces hadîth semblent montrer que cette pratique cultuelle peut être observée aussi bien avant qu'après le lever du soleil. Peu importe si l'omission de cette prière a un motif ou non, si elle a été manquée seule ou avec l'office (obligatoire) du matin.
S'agissant de la prière surérogatoire de midi, il est établi qu'elle consiste en quatre, six ou huit cycles de prière, selon les différentes versions. En voici le détail :
- Ibn 'Umar a dit : " D'après ce que j'ai appris du Prophète (صلى الله عليه وسلم) dix cycles de prière surérogatoires sont de mise : deux avant l'office de midi et deux après ; deux après l'office du coucher du soleil à la maison, deux après l'office de nuit, également à la maison, et deux avant l'office du matin. " Ce propos est rapporté par Al-Bukhârî.
- Al-Mughîra Ibn Sulaymân affirme avoir entendu Ibn 'Umar dire : " Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) veillait à ne point omettre deux cycles de prière avant l'office de midi et deux après, deux après l'office du coucher du soleil, deux après l'office de nuit, et deux avant celui du matin. " Ce propos est rapporté par Ahmad, d'après une chaîne de transmission qualifiée de bonne (jayyid).
'Abdallâh Ibn Shaqîq raconte : " Ayant interrogé 'Â'isha sur la prière du Prophète (صلى الله عليه وسلم), je reçus d'elle la réponse suivante : " Il effectuait quatre cycles de prière avant l'office de midi et deux après. " Ce propos est rapporté par Ahmad et Muslim, entre autres traditionnistes.
Selon Umm Habîba, fille d'Abû Sufyân, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Accomplir douze cycles de prière en un jour et une nuit, c'est se constuire une demeure au Paradis : quattre cycles avant l'office de midi et deux après, deux après l'office du coucher du soleil, deux après l'office de nuit, et enfin deux avant la prière de l'aube. " Ce hadîth a été rapprté par At-Tirmidhî, qui le juge hasan sahîh. Il est également rapporté par Muslim, mais sous forme abrégée.
D'après Umm Habîba, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) dit : " Celui qui effectue quatre cycles de prière avant l'office de midi et quatre après, Dieu rendra sa chair inaccessible au feu de l'Enfer. " Ce hadîth est rapporté par Ahmad, Abû Dâwûd, At-Tirmidhî, An-Nasâ'î et Ibn Mâja ; il est authentifié par At-Tirmidhî.
- Abû Ayyûb Al-Ansârî raconte qu'il avait coutume de faire quatre cycles de prière avant l'office de midi. On lui demanda : " Pourquoi fais-tu toujours cette prière ? - J'ai vu, répondit-il, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) en faire autant et j'ai voulu savoir pourquoi, il me dit : " C'est une heure à laquelle less portes du ciel se trouvent ouvertes. Je tiens donc à ce qu'un bonne action soit à mon actif et soit élevée au ciel à ce moment. " Ce hadîth est rapporté par Ahmad, d'après une excellente chaîne de transmission.
- D'après 'Â'isha, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) ne manquait jamais de faire quatre cycles de prière avant l'office de midi, et deux avant l'office de l'aube. Ce propos est rapporté par Ahmad et Al-Bukhârî. On rapporte également d'après 'Â'isha qu'avant l'office de midi, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) avait l'habitude d'accomplir quatre cycles de prière pendant lesquels il restait longtemps debout, puis se courbait et se prosternait en se recueillant avec ferveur.
Il n'est point de contradiction entre la version d'Ibn 'Umar selon laquelle le Prophète (صلى الله عليه وسلم) effectuait deux cycles de prière avant l'office de midi, et les autres hadîth, qui parlent de quatre cycles. Dans son ouvrage " Al-Fath", Al-Hâfidh affirme : " Il est plus vraisemblable d'envisager les deux cas : tantôt il faisait quatre cycles de prière, tantôt il en faisait deux. " Certains ont avancé qu'il se contentait de deux cycles de prière à la mosquée, et que chez lui il en effectuait quatre. D'autres estiment qu'il en accomplissait deux à la maison et deux à la mosquée. Aussi 'Umar n'a-t-il vu que les deux de la mosquée, alors que 'Â'isha était informée de toutes ces prières.
Un argument à l'appui des quatre cycles de prière est le propos rapporté par Ahmad et Abû Dâwûd, citant 'Â'isha, à savoir que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) avant l'office de midi, faisait chez lui une prière de quatre cycles de prières surérogatoires puis sortait. Abû Ja'far At-Tabarî a dit : " Dans la majorité des cas, il s'agissait de quatre cycles de prière. Dans d'autres cas, plus rares, il s'agissait de deux seulement. "
Si l'orant opte pour quatre cycles de prière, qu'ils soient antérieurs ou postérieurs à la prière de midi, il est préférable qu'il fasse le salut de clôture après chaque paire de cycles. Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) affirme : " Les prières (surérogatoires) de la nuit et du jour se font deux par deux. " Cette tradition est rapportée par Abû Dâwûd, d'après une chaîne qualifiée d'authentique. Mais il est permis de les enchaîner d'un seul trait et de clore la prière par un seul salut.
'Â'isha rapporte que le Prophète (صلى الله عليه وسلم), lorsqu'il lui arrivait de ne pas faire les quatre cycles de prière d'avant l'office de midi, prenait soin de les effectuer après cet office. Ce hadîth est rapporté par At-Tirmidhî, qui le juge singulier (gharîb). Citant la même 'Â'isha, Ibn Mâja précise : " Lorsque le Prophète (صلى الله عليه وسلم) manquait les quatre cycles de prière d'avant l'office de midi, il les rattrapait après les deux cycles postérieurs à cet office. "
Ainsi en est-il du temps de la prière surérogatoire antérieure. pour ce qui est de la prière postérieure, il nous est parvenu ce hadîth rapporté par Ahmad, citant Umm Salam : " Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) ayant fait la prière de midi, on lui apporta une somme d'argent. Il resta à compter cet argent jusqu'au moment où le muezzin annonça l'office de l'après-midi ('asr). Il accomplit cette prière puis il vint chez moi - c'était mon jour-. Il effectua ensuite deux brefs cycles de prière. Intrigués, nous lui demandâmes : " Pourquoi ces deux cycles de prière, ô Messager de Dieu ? Est-ce une injonction que tu exécutes ? -Non, répondit-il, il s'agit d'une pirère que je devais accomplir après l'office de midi, et que j'ai omis de faire à caue de cet argent que je comptais. j'ai donc voulu la rattraper après l'office de l'après-midi. " Ce hadîth est rapporté en d'autres termes par Al-Bukhârî, Muslim et Abû Dâwûd.
La tradition prophètique consiste à accomplir une prière de deux cycles de prière après l'office du coucher du soleil, à en juger par les propos d'Ibn 'Umar (voi supra) selon lesquels cette surérogation relevait des pratiques cultuelles que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) ne manquait jamais.
Après la récitation de la fâtiha, il convient de lire les sourates : {Dis : " O mécréants "} et {Dis : " Lui, Dieu, est Unique. "}. En effet, Ibn Mas'ûd affirme avoir entendu à d'innombrable reprises le Prophète (صلى الله عليه وسلم) psalmodier, lors des deux cycles de prière (surérogatoires) postérieurs à l'office du coucher du soleil et celles antérieurs à l'office de l'aube, les sourates : {Dis : " O mécréants "} et {Dis : " Lui, Dieu, est Unique. "}. Ce hadîth est rapporté par Ibn Mâja, ainsi que par At-Tirmidhî, qui l'a jugé satisfaisant (hasan).
Il est égalemnet préférable que cette prière soit accomplie à la maison. Qu'on en juge par ce propos transmis par Mahmûd Ibn Labîd : " Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) se rendit un jour chez les Banû 'Abd Al-Ashhal. Lorsqu'il eut fini de célébrer l'office du coucher du soleil, il leur enjoignit : " Faites les deux cycles de prière chez vous. " Ce hadîth est rapporté par Ahmad, Abû Dâwûd, At-Tirmidhî et An-Nasâ'î. Il a d'ailleurs été précisé plus haut que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) les effectuait chez lui.
Nombre de hadîth précédemment mentionnés confèrent un caractère de recommandation aux deux cycles de rière consécutifs à la prière de la nuit.
Les prières surérogatoires mises en lumière jusqu'à présent sont des pratiques dans l'observance est fortement recommandée (mu'akkad). D'autres prières surérogatoires liées aux offices canoniques (sunan râtiba) sont facultatives. Ce sont les prières suivantes :
Nombre de hadîth, quoiqu'étant parfois sujets à caution mais se recoupant néanmoins, ont été rapportés à ce propos. Considérons ce hadîth attribué à Ibn 'Umar : " Le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Dieu prodigue Sa miséricorde à tout homme qui accomplit quatre cycles de prière avant l'office de l'après-midi. " Ce hadîth est rapporté par Ahmad, Abû Dâwûd et At-Tirmidhî, et jugé bon par Ibn Hibbân, qui l'a authentifié, tout comme Ibn Khuzayma.
De même, 'Alî affirme que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) avait coutume de faire quatre cycles de prière avant l'office de l'après-midi, chaque paire étant achevée par le salut de clôture dans lequel il saluait les anges proches, les prophètes ainsi que les croyants et les musulmans qui ont suivi leur enseignement. Ce hadîth est rapporté par Ahmad, An-Nasâ'î, Ibn Mâja et At-Tirmidhî, qui l'a jugé bon.
Pour ce qui est de s'en tenir à deux cycles de prière, c'est là un acte qui trouve sa légitimité dans cette affirmation générale du Prophète (صلى الله عليه وسلم) : " Entre deux annonces de prière, il y a toujours une prière. "
D'après Al-Bukhârî, citant 'Abdallâh Ibn Mughaffal, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Priez avant l'office du coucher du soleil, priez avant l'office du coucher du soleil ". A la troisiéme, il ajouta : " Si bon vous semble ", de crainte que les gens n'érigent cet usage en véritable sunna.
Dans une version transmise par Ibn Hibbân, on apprend que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a effectué deux cycles de prière avant l'office du coucher du soleil. D'après Muslim, Ibn 'Abbâs a raconté : " Nous faisions une prière de deux cycles de prière avant l'office du coucher du soleil, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) nous regardait faire sans nous le recommander ni nous l'interdire. "
Al-Hâfidh a dit dans son " Al-Fath " : " A en juger par l'ensemble des arguments disponibles, il est recommandé d'alléger cette prière, à l'image de celle précédent l'office de l'aube. "
Pour s'en convaincre, il suffit de considérer ce hadîth, rapporté par Al-Bukhâ^ri, Muslim, Abû Dâwûd, At-Tirmidhî, An-Nasâ'î, Ibn Mâja et Ahmad, d'après 'Abdallâh Ibn Mughaffal, relatant que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Entre deux annonces de prière, il y a toujours une prière. " Il répéta cette phrase puis ajouta : " Si bon vous semble ".
Pour sa part, Ibn Hibbân rapporte ce hadîth qu'il tient de Az-Zubayr : " Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Il n'est point de prière prescrite qui ne soit assortie de deux cycles de prière surérogatoire. "
Il est recommandé d'observer un temps de pause équivalent à une prière entre la prière obligatoire et la prière surérogatoire. En effet, d'après un des Compagnons du Prophète (صلى الله عليه وسلم), celui-ci ayant célébré un jour l'office de l'après-midi, un homme se leva aussitôt et se mit en devoir de prier. 'Umar, le voyant, lui ordonna de s'asseoir et lui dit : " Les gens du Livre n'ont péri que parce qu'ils ne séparaient point leurs prières. " Et le Prophète (صلى الله عليه وسلم) de constater : " 'Umar a raison. " Cette tradition est rapportée par Ahmad d'après une chaîne authentique.