Fiqh as Sunna.

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LA PURIFICATION

Les eaux et leurs catégories

L'eau a l'état naturel (al-mâ al-mutlaq)

L'eau à l'état naturel, ou mâ mutlaq, est pure, c'est-à-dire qu'elle est pure en soi et purifie. Elle englope les types d'eau suivants :

a- L'eau de pluie, la neige etla glace, en vertu de la parole du Très Haut : {Nous fîmes descendre du ciel une eau pure et purifiante} S.25,v. 48. En vertu aussi du hadîth rapporté par Abû Hurayra - Dieu l'agrée - dans lequel il dit : "Le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) avait l'habitude, lorsqu'il entrait en prière, de garder le silence quelques instant avant de commencer la récitation du Coran. Comme j el'interrogeais à ce sujet, lui disant : Ô toi qui m'est plus cher que mon père etma mère ! Pourquoi gardes-tu le silence entre le moment d'entrer en prière (takbir) et la récitation du Coran ? Que dis-tu pendant ce laps de temps ? Il me répondit :Je dis : Mon Seigneur, mets entre moi et mes péchés la même distance que celle que tu as mises entre l'Orient et l'Occident. Mon Dieu, purifie-moi de mes péchés comme on purifie le linge blanc de toute souillure. Seigneur, lave-moi de me péchés au moyen de la neige, de l'eau et de la glace."

b- L'eau de mer, en vertu du hadith d'Abû Hurayra - Dieu l'agréé -, lequel a dit : "Un homme interrogea le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) en ces termes : Ô Messager de Dieu, Lorsque nous prenons la mer, nous prenons avec nous un peu d'eau potable. Or, quand nous nous en servons pour nos ablutions mineures (wudû), nous sommes en proie à la soif. Pouvons-nous utiliser de l'eau de mer pour faire nos ablutions ? Le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) lui répondit : Elle est pure et purifie, et les bêtes mortes qui en sont issues sont licites."

c- L'eau du puit de Zamzam, en vertu du hadith rapporté par 3Ali - Dieu l'agrée -, lequel a dit : " Le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) se fit apporter un seau plein d'eau de Zamzam ; il en but et s'en servit pour faire ses ablutions mineures."

d- L'eau altérée à cause d'une longue stagnation ou du contact avec des éléments naturels avec lesquels elle se mélange habituellement, comme de la mousse et des feuilles d'arbres. Les savants s'accordent sur le fait que cette eau entre dans la catégorie de l'eau à l'état naturel, le principe voulant que toute eau à laquelle on applique la vacable d'eau à l'état naturel peut valablement servir à purifier, sans restriction ancune. Dieu - exalté soit-Il - a dit : {Et que vous ne trouviez pas d'eau, alors recourez à la terre pure, passez-en sur vos visages et vos mains} S.5, v.6.

L'eau déjà utilisée (al-mâ al-musta'mal)

Il s'agit de l'eau recueilli à partir de ce qui reste de l'eau utilisée par celui qui fait ses ablutions mineures ou majeures. Le statut de l'eau utilisée est le même que celui de l'eau a l'état naturel : dans la mesure où elle était pure à l'origine, elle conserve sa pureté en l'absence d'une preuve qui lui enlève ce caractère

En témoigne, le hadith d'Ar-Rubayyi' Bint Mu'awwidh, lequel décrit la manière dont le Prophète (صلى الله عليه وسلم) faisait ses ablutions : "Il essuya sa têteavec le peu d'eau qui lui restait de son ablution mineure dans le creuxde ses mains."

De son côté, Abû Hurayra - Dieu l'agrée - rapporte qu'il était en état d'impureté majeure lorsqu'il rencontra l'Envoyé de Dieu (صلى الله عليه وسلم) dans une rue de Médine : "Je m'éloignai aussitôt de lui, dit-il, et allai procéder à mes grandes ablutions. Quand je revins, le Prophète me dit : Où étais-tu donc, Abû Hurayra ? - J'étais en état d'impureté majeure et je n'ai pas voulu rester en ta compagnie, répondis-je, dans cette état. - Gloire à Dieu ! s'écria le Prophète (صلى الله عليه وسلم), sache que le musulman ne souille jamais." L'éxplication de ce hadithest que si le croyant ne souille pas, il n'y a aucune raison de déclarer non purifiante l'eau qu entre en contact avec lui. Tout ce que l'on peut dire en l'occurence, c'est q'un corps pur en a toucher un autre, or ceci n'a aucune incidence (sur le caractère purifiant de l'eau). Ibn Al-Mundhir a dit : "On rapporte que Ali Ibn Umar, Abû Umâma, Atâ', Al-Hassan, Makhûl et Al-Nakha'î permettaient au fidèle qui a oublié de passer la main humectée sur sa tête d'utiliser l'eau qui reste sur sa barbe à cette fin." Puis Ibn Al-Mundhir ajoute : "Ceci indique qu'ils considéraient l'eau utilisée (une premiere fois dans le cadre de l'ablution) comme étant propre à purifier (une seconde fois). Cest en tout cas l'opinion que je professe, et celle que professent Mâlik et Ash-Shafi'î, dans un des avisqui leurs sont attribués. Ibn Hazm attribue cette opinion à Sufyân Ath-Thawrî, à Abü Thawr et à l'ensemble des dhâhirites.

L'eau mélangée a un corps pur

L'eau qui aété mélangée à un corps pur, comme du savon, du sagran, de la farine et autres corps dont elle ne peut ordinairement étre dissociée, est pure dès lors qu'elle demeure telle qu'elle était à l'état naturel (mâ'mutlaq). Si par contre elle change de nature, elle reste pure, mais n'est pas encore propre à purifier. Umm Atiyya rapporte : " L'Envoyé de Dieu (صلى الله عليه وسلم) vint chez nous au moment de la mort de sa fille. Il nous dit : "Lavez-la trois fois ou cinq fois, ou même davantage si vous le jugez utile, avec de l'eau et du lotus ; au dernier lavage, mettez dans l'eau du camphre - ou un peu de camphre -. Puis, quand vous aurez terminé, appelez-moi." Nous l'appelâmes donc quand nous eûmes terminé ; il nous jeta le voile qu'il portait, en nous disant : "Recouvrez-l'en." Or, le mort ne peu être lavé qu'avec ce que le vivan a permission d'utiliser pour se purifier. Ahmed An-Nasâ'î et Ibn Khuzayma rapporte d'après Umm Hâni : " Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) fit la grande ablution avec Maymûna en puisant de l'eau d'un même récipient : il s'agissait d'une grande écuelle contenant des traces de pâte." Où l'on voit que dans ces deux hadîth, l'eau est mélangée àun corps étranger, quoique n'étant pas altérée au point de perdre sa nature initiale.

L'eau en contact avec une impureté

C'est eau est de deux types : soit l'impureté change le goùt, la couleur ou l'odeur de l'eau, auquel cas il n'est pas permis de se purifier par son biois, selon l'avis unanime des doctes, ainsi que le rapporte Ibn Al-Mundhir et Ibn Al-Mulaqqin. Soit l'eau garde sa nature initiale et ne change nide goùt ni d'odeur ni de couleur, et elle demeure pure et purifiante, qu'elle soit en grande ou en petite quantité. la preuve de cela est le hadîth rapporté par Al-Bukhari, Muslim, Abû Dâwûd, At-Tirmidhî, An-Nasâ'î, Ibn Mâja et Ahmed d'après Abu Hurayra, disant qu'un Bédouin se leva eturina dan sla Mosquée. Comme les gens se levaient pour se ruer sur lui, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) leur dit : " Laissez le et versez un seau d'eau sur son urine, car vous n'avez été suscités que pour faciliter leschoses, et non pour les rendre difficiles." Abû Sa'îd rapporte également : "On demanda : "Ô Envoyé de Dieu, peut-on utiliser le puits de Budâ'a pour se purifier ? " Le Prophète répondit : " L'eau est pure et rien ne peut la souiller"."

C'est l'avis d'Ibn Abbâs, Abû Hurayra, Al-Hasan Al-Basrî, Ibn Al-Musayyab, Ikrima, Ibn Abî Laylâ, Ath-Thawrî, Dâwûd le dhâhirite, An-Nakhâ'î, Mâlik et autres, Al-Ghazâlî a écrit à ce sujet : " J'aurais souhaité que l'avis d'Ash-Shâfi'î au sujet de la règle de l'eau de purification fût identique à celui de Mâlik".

Quand au hadîth de AbdAllah Ibn Umar - Dieu l'agrée -, lequel stipule que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) aurait dit: "Quand la quantité d'eau équivaut au volume de deux jarres, l'eau n'est pas souillée", il est rapporté par Abû Dâwûd,At-Tirmidhî, An-Nasâ'î, Ibn Mâja et Ahmad. Ceci étant, il est mudtarib tant point de vue de son énoncé que de sa chaîne de transmission. Ibn Abd Al-Barr a ditdans son "Tamhîd" : "L"opinion d'Ash-Shâfi'î concernant le hadîth des deux jarres est faible au double point de vue rationnel et traditionnel".

L'eau altérée par la salive (as-su'r)

Le su'r est l'eau qui reste dans le récipient après qu'on aitbu dedans. Il y a différents types de su'r :

1- Le su'r de l'être humain : c'est-à-dire l'eau qui reste dans un récipient où un être humain a bu. Cette eau est pure, que le buveur soit un musulman,un mécréant,un homme en état d'impureté ou un femme ayant ses menstrues. Quant à la parole du Très Haut : {Les polythéistes ne sont qu'impureté} S. 9 v. 28, il faut l'entendre comme désigant la souillure morale que leurs croyances aberrantes peut représenter. D'autre part, le fait qu'ilsne prennent pas garde aux souillures et aux impuretés ne veut nullement direque leurs personnes et leurs corps soient impurs. Au demeurant, les polythéistes fréquentaient les musulmans dans les débuts de l'Islam, de même que leurs envoyés et leurs délégués rencontraient souvent le Prophète (صلى الله عليه وسلم) et entraient dans sa mosquée sans que celui-ci n'eut jamais ordonné de laver ce qui était en contact avec leurs corps. S'agissant de la femme en état de menstruation, Muslim rapporte d'après A'îsha - Dieu l'agrée - ce qui suit : " Je busdans un récipient alors que j'étais en état de menstrues etle passai au Prophète (صلى الله عليه وسلم) qui mis ses lèvres à l'endroitmême où j'avais mis les miennes".

2- Le su'r de l'animal dont la chair est licite. L'eau qu'il laisse aprèss'être abreuvé est pure dans la mesure où la salived'un tel animal provientd'une chair pure, raison pour laquelle elle acquiert le même statut qu'elle. Abû Bakr Ibn Al-Mundhir a dit :" Les savants sont unanimes sur le fait qeu le su'r de l'animal dont la chair est licite peut être bu et utilisé pour les ablutions mineures".

3- Le su'r du mulet, de l'âne, des bêtes féroces et des oiseaux de proie. Cette eau est pure, en vertu du hadîth de Jâbir,dans lequel il est dit : " On interrogea le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) en ces termes : " Pouvons-nous faire nos ablutions mineures au moyen de l'eau laissée par les bêtes ?". Il repondit : "Oui, y compris celle laissée par les bêtes féroces." De soncot,Ibn Umar - Dieu l'agrée, lui et son pére - a dit : " Le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) sortit un jour de nuit avec un groupe de Compagnons. Comme ils passaient devant un homme assis devant son basssin, Umar lui demande : "Les bêtes ont-elles trempé dans ton bassin cette nuit ?". Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) s'adressa alors à l'homme,lui disant : " Ô propriétaire du bassin, nelui réponds pas, car il exagère !". Pui Il ajouta : " A ces bêtes, appartent ce qu'elles ont emporté dans leurs ventres, et à nous de nous servirdu reste pour notre boisson et notre purification." En outre, Yahyâ Ibn Sa'îd rapporte que Umar sortit un jour avec un group ed'hommes parmislesquels il y avait Amr Ibn Al-'As. En passant devant un bassin, Amr dit à son propirétaire : " Des bêtes féroces se sont-elles abreuvées dans ton bassin ?". Mais Umar intervint : " Ne nous le dis pas, car nous buvons de l'eau dont ils s'abreuvent et vice versa."

Le su'r du chat. Cette eau est pure, en vertu du hadîth de Kabsha Bint Ka'b, laquelle rapporte que son oncle Abû Qatada était entré un jour chez elle et qu'elle lui avait apporté de l'eau pour se rafraîchir. Or, une chatte s'était précipitée sur le récipient d'eau pour s'en abreuver. Abû Qatâda inclina alors le recipient pour que la chatte puisse boire a son aise. Voyant que sa nièce le regardait avec étonnement, il lui dit : " Tu t'étonne ma nièce ? - Oui, répondit-elle. - Alors sache, reprit-il que l'Envoyé de Dieu (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Le chat n'est pas impur ; il fait partie des animaux domestiques qui vous tiennent compagnie". Ce hadîth est rapporté par Abû Dâwûd, At-Tirmidhî, An-Nasâ'î, Ibn Mâja et Ahmed. At-Tirmidhî l'a qualifié de hasan sahîh. Al-Boukhârî et d'autres traditionnistes l'ont également authentifié.

Le su'r du chien et du porc. Il est impur et il faut obligatoirement s'en prémunir. S'agissant du su'r du chien, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : " Lorsqu'un chien lape dans un de vos récipients, lavez-le sept fois". Dans une autre version rapportée par Ahmed et Muslim, il est dit : " La purification du récipient dan slequel un chien a lapé consiste à le laver sept fois, dont la première fois en le nettoyant avec du sable ". Quand au su'r du porc, il a été interdit en raison de son impureté et de sa saleté.

DicoDinn - 2011/1431
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